Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/147

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tre le roi, du moins jusqu’à ce que j’eusse placé ma personne sous la protection de l’Église. — En ce cas, mon pouvoir n’est que précaire ; il s’étend seulement jusqu’à un choix que je vais sans hésiter soumettre à votre décision, quoique j’expose ainsi les secrets de mes amis à être découverts et leurs projets à devenir inutiles. Mais la confiance que vous avez mise en moi m’impose la nécessité de vous en témoigner autant. Vous êtes libre de m’accompagner au rendez-vous secret de Douglas et de mes amis, qui peuvent me blâmer de vous l’avoir fait connaître : vous courrez la chance de l’accueil qu’on vous y fera, puisque je ne puis vous répondre que d’un traitement honorable en ce qui concerne votre personne. Ou, si vous trouvez ce parti trop hasardeux, dirigez-vous promptement vers la frontière : dans ce dernier cas, je vous accompagnerai vers la limite anglaise, et alors je vous laisserai poursuivre votre route, et trouver parmi vos compatriotes un protecteur et un guide. Cependant, il sera heureux pour moi de ne pas être rattrapée, car l’abbé n’hésiterait pas à me condamner à mort comme une nonne parjure. — Un pareil traitement, ma sœur, ne pourrait guère être infligé à une femme qui n’a jamais prononcé de vœux, et qui a encore, d’après les lois mêmes de l’église, le droit de choisir entre le monde et le cloître. — Choix semblable à celui qu’on a laissé aux braves victimes qui sont tombées entre les mains anglaises dans ces guerres sans miséricorde ; à celui qu’ils ont laissé à Wallace, le champion de l’Écosse ; qu’ils ont laissé à Hay, le noble et libre baron ; qu’ils ont laissé à Sommerville, la fleur des chevaliers ; à Athol, proche parent du roi Édouard lui-même ; à tous ceux enfin qui furent exécutés comme autant de traîtres : et de même Marguerite de Hautlieu est une religieuse parjure, un véritable apostat ! »

Elle parlait avec une certaine chaleur, car il lui semblait que la noble Anglaise lui reprochait son apparente froideur dans des circonstances si difficiles.

« Et après tout, continua-t-elle, vous, lady Augusta de Berkely ; à quoi vous exposez-vous si vous tombiez entre les mains de votre amant ? Quel terrible danger affrontez-vous ? Vous ne devez pas craindre, ce me semble, d’être enfermée entre quatre murs avec un morceau de pain et une cruche d’eau ; ce qui, si j’étais prise, serait la seule nourriture qu’on m’accorderait pour le court espace de temps qui me resterait à vivre. Bien plus, dussiez-vous même être livrée aux Écossais rebelles, comme vous les appelez, une captivité au milieu des montagnes, adoucie par l’espoir d’une prochaine