Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/164

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attention, sir Anglais. Lady Augusta de Berkely, en parcourant ce pays, est devenue prisonnière du noble lord de Doublas, légitime héritier du château et du titre de ce nom. Or, Douglas se voit obligé de mettre à la liberté de cette dame les conditions suivantes, conditions telles, sous tous les rapports, que le droit de la guerre, juste et équitable, permet à un chevalier d’en imposer, à savoir : « En tout honneur et toute sûreté, lady Augusta sera remise à sir John de Walton ou à toute autre personne qu’il désignera pour la recevoir ; d’autre part, le château de Douglas lui-même, ainsi que tous les avant-postes et les garnisons qui en dépendent seront évacués et rendus par sir John de Walton dans l’état actuel et avec toutes les munitions, toute l’artillerie qui sont maintenant dans leurs murs ; enfin l’espace d’un mois de trêve sera accordé à sir James Douglas et à sir John de Walton pour régler les termes de la capitulation de part et d’autre, après avoir préalablement engagé leur parole de chevaliers et promis avec serment que dans l’échange de l’honorable dame pour le susdit château réside l’essence du présent contrat, et que tout autre sujet de discussion sera, suivant le bon plaisir des nobles chevaliers susdénommés, honorablement décidé entre eux, ou même, s’ils le désirent, vidé en champ clos et dans un combat singulier, selon les lois de la chevalerie, devant toute noble personne qui aura droit de présider et d’être juge. »

Il n’est pas facile de concevoir l’étonnement de sir John de Walton quand il entendit le contenu de cet étrange cartel ; il regarda lady de Berkely avec cet air de désespoir qu’on peut supposer à un criminel qui verrait son ange gardien se préparer à partir. Des idées semblables flottaient aussi dans l’esprit d’Augusta ; on lui accordait enfin ce qu’elle avait toujours regardé comme le comble de son bonheur, mais à des conditions déshonorantes pour son amant : telle jadis la flamboyante épée du chérubin servait de barrière entre nos premiers parents et les délices du paradis. Sir John de Walton, après un moment d’hésitation, rompit le silence en ces termes :

« Noble dame, vous pouvez être surprise qu’on m’impose une condition qui a pour objet votre mise en liberté, et que sir John de Walton, qui vous a déjà tant d’obligations qu’il est fier de reconnaître, ne l’accepte cependant pas avec le plus vif empressement, cette condition qui doit assurer votre liberté et votre indépendance ; mais le fait est que les mots qui viennent d’être prononcés ont retenti à mon oreille sans arriver jusqu’à mon intelligence, et il faut que je prie lady de Berkely de m’excuser si je prends un mo-