Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/166

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tant qu’il se bornait à remplir son message. Oh ! si vous l’avez tué, qui sait combien peut être terrible la vengeance qui sera tirée de sa mort. »

La voix de la jeune dame parut faire revenir le chasseur de l’étourdissement causé par les coups qu’il avait reçus ; il se releva, disant : « Ne faites pas attention, et ne croyez pas que je vous garde rancune, à vous. Le chevalier, dans sa précipitation, ne m’a ni prévenu ni porté de défi, d’où il a pris un avantage qu’il aurait, je pense, été honteux de prendre de sang-froid. Je recommencerai le combat à armes plus égales, ou j’appellerai un autre champion, comme le chevalier voudra. » Sur ces mots il disparut.

« Ne craignez rien, reine de mes pensées, dit le chevalier ; mais croyez que, si nous regagnons ensemble l’abri du château de Douglas et la sauvegarde de la Croix de saint George, vous pourrez rire de toutes ces menaces. Si vous consentez seulement à me pardonner un crime que je ne serai jamais capable d’oublier moi-même, à savoir l’inconcevable aveuglement qui m’a empêché de reconnaître le soleil pendant une éclipse temporaire, il n’est pas de tâche si dure, si difficile au courage humain que je ne doive entreprendre volontiers, pour effacer une faute si grave. — N’en parlons plus, répliqua la dame ; ce n’est pas dans un moment comme celui-ci, où notre vie est en danger, qu’il faut songer à se quereller pour de si futiles motifs. Je puis vous dire, si vous ne le savez pas encore, que les Écossais sont en armes dans les environs, et que la terre même s’est entr’ouverte pour les dérober aux yeux de vos soldats. — Eh bien ! qu’elle s’entr’ouvre encore ! dit sir John de Walton ; que tous les démons qui habitent l’abîme infernal sortent de leur prison et aillent renforcer nos ennemis… À présent, ma toute belle, que j’ai reçu en vous une perle d’un prix inestimable, puissent mes éperons m’être arrachés des talons par le dernier des goujats, si je fais détourner la tête de mon cheval pour reculer devant les forces les plus redoutables que puissent réunir ces bandits, tant sur terre que dessous. En votre nom, je les défie tous, et sur-le-champ, au combat. »

Comme sir John de Walton prononçait ces derniers mots d’un ton assez animé, un cavalier de haute stature, revêtu d’une armure de la forme la plus simple, sortit de l’endroit du buisson où Turnbull avait disparu. « Je suis, dit-il, James Douglas, et votre cartel est accepté. Moi, comme provoqué, je choisis les armes, et les armes que je choisis sont nos épées de chevalier que nous por-