Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Walton, et que cet endroit était situé dans les bois d’alentour, près de la ville de Douglas et non loin du château.


CHAPITRE XIX.

LE DÉFI.


Hotspur. Je ne puis choisir ! quelquefois il me met en colère en me parlant de la taupe et de la fourmi, de l’enchanteur Merlin et de ses prophéties, d’un dragon ailé et d’un poisson sans nageoires, d’un griffon aux ailes rognées et d’un corbeau qui mue, d’un lion couchant et d’un chat rampant, et de mille autres balivernes, au point que ma foi en est ébranlée.
Shakspeare. Le roi Henri IV.


La conversation entre le ménestrel et l’ancien archer prit naturellement une tournure assez semblable à celle d’Hotspur et de Glendower[1], et peu à peu Gilbert Greenleaf y prit une part plus considérable que ne semblaient le lui permettre ses habitudes et son éducation : mais la vérité était qu’en se donnant mille peines pour se rappeler les armoiries des chefs militaires, leurs cris de guerre, leurs emblèmes et les autres signes par lesquels ils se distinguaient sur les champs de bataille, et qui devaient indubitablement être indiqués dans les rimes prophétiques, il commençait à éprouver ce plaisir que ressent presque tout le monde, quand on découvre soudain en soi une faculté dont les circonstances nécessitent l’emploi, et dont la possession augmente à ses propres yeux l’importance de celui qui se la reconnaît. Le bon sens profond du ménestrel fut certainement un peu surpris des bévues qui parfois échappaient à son compagnon, tandis qu’il était entraîné par le désir, d’une part, de faire parade de la nouvelle faculté qu’il s’était découverte, et de l’autre, de rappeler à son esprit les préventions qu’il avait nourries toute sa vie contre les ménestrels, qui, avec tout leur cortège de légendes et de fables, devaient d’autant plus probablement être menteurs qu’ils venaient presque tous du Nord.

Comme ils passaient d’une clairière de la forêt à une autre, le ménestrel commença à s’étonner du nombre de pieux Écossais qu’ils rencontraient et qui semblaient se diriger en toute hâte vers l’église, pour prendre part à la cérémonie du jour : c’est du moins ce que l’on pouvait présumer à voir les rameaux verts dont ils étaient

  1. Personnages du drame de Henri IV. a. m.