Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/197

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pit de toute la puissance qu’on a si perfidement déployée contre lui. — Il n’est que trop vrai, dit le Gallois Meredith, quoique ce soit un fier Écossais qui parle… Le comte de Pembroke, complètement défait, est incapable de sortir d’Ayr, où il s’est retiré avec de grandes pertes, et il m’envoie commander à sir John de Walton d’obtenir les meilleures conditions possibles pour la reddition du château de Douglas, le prévenant qu’il ne doit plus compter sur son secours. »

Les Écossais, en apprenant ces nouvelles inattendues, poussèrent des cris si bruyants et si énergiques, que les ruines de la vieille église parurent réellement s’ébranler et menacer de tomber avec fracas sur la foule entassée dans son enceinte.

Le front de sir de Walton se couvrit d’un nuage, à la nouvelle du désastre de Pembroke. Quoiqu’il restât parfaitement libre de prendre toutes les mesures convenables pour la sûreté de lady Augusta, il ne pouvait plus néanmoins demander les conditions honorables qui lui avaient été offertes par Douglas avant la nouvelle de la bataille de Loudon-Hill.

« Noble chevalier, dit-il, il est entièrement en votre pouvoir de me dicter les conditions de la reddition du château de vos pères ; et je n’ai aucun droit de réclamer de vous celles que me proposait votre générosité il n’y a qu’un instant. Mais je me résigne à mon sort ; et, quels que soient les termes que vous jugerez convenable de m’accorder, je me décide à vous rendre cette arme, dont je tourne en ce moment la pointe à terre pour marquer que je ne m’en servirai plus contre vous avant qu’une honnête rançon la remette encore une fois à ma disposition. — À Dieu ne plaise, » répliqua le noble James de Douglas, « que je prenne un tel avantage sur un des plus braves chevaliers qui se sont mesurés avec moi sur un champ de bataille ! Je suivrai l’exemple du chevalier de Fleming, qui a galamment fait cadeau de son captif à une noble damoiselle ici présente : de même, moi, je cède tous mes droits sur la personne du brave chevalier de Walton à la haute et noble dame lady Augusta de Berkely, qui, je l’espère, ne dédaignera pas d’accepter de Douglas un présent que les chances de la guerre ont mis entre ses mains. »

Sir John de Walton, — à cette décision inattendue, éprouva un sentiment pareil à celui du voyageur qui aperçoit enfin les rayons du soleil qui va dompter et dissiper la tempête dont il a été battu tout le jour. Lady Augusta de Berkely se rappela ce qui convenait à son rang, et sentit comment elle devait répondre à la noble pro-