Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/24

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arcs et lancer des flèches, se mêler d’interrogatoires et d’instructions criminelles : cependant, vu la gravité des circonstances, il faut que nous parlions à votre fils avant de lui permettre de se rendre au château de Douglas où l’appelle, dites-vous, une mission. — Une mission, noble archer ! reprit le ménestrel ; c’est plutôt moi qui en suis chargé. — En ce cas, répondit Bend-the-Bow, nous ferons notre devoir en vous laissant aller, vous, dès la pointe du jour au château, et en faisant rester votre fils au lit, car c’est la place, je crois, qui lui convient le mieux jusqu’à ce que sir John de Walton nous donne ordre de le laisser passer outre ou de le retenir. — Et nous pouvons aussi bien, ajouta Anthony, puisque nous devons avoir la compagnie de cet homme à souper, lui faire connaître les règles de la garnison qui est momentanément établie dans cette ferme. » En parlant ainsi, il tira de sa poche de cuir un morceau de parchemin, et dit : « Ménestrel, sais-tu lire ? — C’est le point essentiel de ma profession, répondit le ménestrel. — Quant à moi, cela m’est inutile, répliqua l’archer. Lis à haute voix ce règlement ; car, ne comprenant pas ces caractères à la simple vue, je ne perds jamais l’occasion de me les faire lire, afin d’en fixer le sens dans ma mémoire. Songe donc qu’il te faut lire chaque ligne mot à mot, sans y changer une seule lettre ; à tes risques et périls, sir ménestrel, si tu ne lis pas en homme loyal. — Je serai exact, sur ma parole, » dit Bertram. Et il se mit à lire avec une extrême lenteur, car il voulait réfléchir à ce qu’il fallait faire pour n’être point séparé de sa maîtresse, séparation qui devait lui causer beaucoup d’inquiétude et de peine. Il commença donc ainsi : « Avant-poste d’Hazelside, habitation du fermier Thomas Dickson. » Bien ! Thomas ; mais, est-ce que ta maison s’appelle ainsi ? — C’est l’ancien nom de l’habitation, répondit l’Écossais, car elle est entourée d’un bouquet de hazels, autrement dit de noisetiers. — Retenez votre babillarde de langue, ménestrel, dit Anthony, et continuez, pour peu que vous en fassiez cas, ainsi que de vos oreilles dont vous paraissez disposé à moins faire usage.

« La garnison placée chez lui, continua le ménestrel, consiste en une lance avec son équipage… » Ah ! c’est donc une lance, en d’autres termes, un chevalier armé qui commande cette garnison ? — Ceci ne te regarde pas, dit l’archer. — Si vraiment, répliqua le ménestrel ; nous avons droit d’être interrogés par le chef du poste. — Je te montrerai, coquin, » dit l’archer en se levant, « que je suis assez chevalier pour que tu veuilles bien me répondre, et je te