Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/268

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gnon que pour son mérite à la chasse, et un chien couchant a plus de sagacité et d’attachement, il est plus convenablement placé au coin du feu qu’un chien d’arrêt : on brutalise tellement celui-ci pour le dresser, qu’il perd tout instinct, excepté son habileté à découvrir et à tenir en arrêt le gibier. — Et qui diable lui demande davantage ? s’écria sir Bingo. — beaucoup de gens, sir Bingo, répondit Tyrrel, sont d’opinion que les chiens, comme les hommes, peuvent chasser passablement bien, quoiqu’ils se trouvent en même temps propres à entretenir des relations amicales dans la société. — C’est-à-dire à lécher les assiettes et à gratter une planche de cuivre, je suppose, » murmura le baronnet sotto voce ; et il ajouta d’un ton plus distinct et plus élevé de voix, « qu’il n’avait jamais entendu dire auparavant qu’un chien couchant fût propre à quelque chose, si ce n’est à suivre les talons d’un braconnier. — Vous le savez maintenant, sir Bingo, répliqua Tyrrel ; et j’espère que vous ne retomberez plus dans une pareille erreur. »

L’officier de paix Mac-Turc jugea ici son intervention nécessaire, et fit un long discours. Micklewham parla aussi des lois contre les chiens couchants, et termina en disant à voix basse à son patron : « Je vous l’assure en mon âme et conscience, Saint-Ronan, c’est bien là le jeune Tirl que j’ai fait citer en justice pour avoir chassé sur les marais de votre père. — Diable ! Mick, » répliqua le laird aussi à voix basse, « je te suis obligé de me fournir quelques raisons de la mauvaise opinion que j’avais de lui. C’est en effet une honte, » ajouta-t-il d’un ton plus haut, en s’adressant à toute la compagnie en général, mais non sans lancer un regard particulier à Tyrrel.

« Qu’est-ce qui est une honte, monsieur ? » dit Tyrrel s’apercevant que l’observation s’adressait à lui.

« Que nous ayons tant de braconniers dans nos marais, monsieur, répondit Saint-Ronan. — Nous sommes redevables de cette sorte de bétail au vieux village, ajouta M. Micklewham. — Je ne comprends pas, reprit le laird, quelles raisons mon père a pu avoir pour se défaire de la maison antique que nous y possédions et la vendre à une vieille sorcière qui la tient ouverte tout exprès, je pense, pour y loger des braconniers et des vagabonds. — C’est que probablement votre père avait besoin d’argent, monsieur, » dit sèchement Tyrrel, « et que ma digne hôtesse, mistress Dods, en avait amassé. Vous savez sans doute que c’est chez elle que je loge. — Oh ! monsieur, » répliqua Mowbray d’un ton qui tenait le milieu