Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/29

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tandis qu’un vieux soldat tâchait de coucher par écrit les renseignements que la personne interpellée jugeait à propos de donner. Il le questionna sur les détails de son voyage, sur ceux de l’affaire qui l’amenait au château de Douglas, et sur la route qu’il prendrait quand cette affaire serait terminée : bref, Bertram fut examiné cette seconde fois beaucoup plus minutieusement qu’il ne l’avait été par les archers, et qu’il ne lui était sans doute agréable de l’être ; car il était au moins embarrassé de la connaissance d’un secret, sinon de plusieurs. Non cependant que ce nouvel examinateur fût sombre dans son air, ou sévère dans ses questions ; car, pour les manières, il était doux, aimable et modeste comme une fille ; il avait exactement cette courtoisie que notre vieux Chaucer donne au jeune élève de chevalerie dont il esquisse le portrait dans son pèlerinage à Cantorbéry. Mais malgré toute sa douceur, le jeune Aymer de Valence mettait beaucoup de finesse et d’habileté dans ses demandes ; et Bertram fut très charmé que le jeune chevalier n’insistât pas pour voir son prétendu fils. Et pourtant, en ce cas, son esprit fertile en expédients lui eût sans doute suggéré, comme au marin au milieu de la tempête, la résolution de sacrifier une partie du tout pour conserver le reste. Il n’eut pas besoin d’en venir à ce moyen extrême, car sir Aymer le traita avec ce degré de courtoisie auquel, dans ce siècle, les poètes-musiciens étaient censés avoir droit. Le chevalier consentit sans peine, et même de grand cœur, à ce que le jeune homme demeurât au couvent, lieu tranquille, et partant très convenable pour un convalescent, jusqu’à ce que le gouverneur, sir John de Walton fît connaître quel était son bon plaisir à ce sujet. Il accéda d’autant plus volontiers à cet arrangement, qu’il détournait tout danger possible d’introduire la contagion dans la garnison anglaise.

Par ordre du jeune chevalier, tout le monde dans la maison de Dickson alla se coucher plus tôt qu’à l’ordinaire, les premiers sons des cloches de la chapelle voisine devant être le signal de la réunion dès la pointe du jour. On se réunit en effet, à l’heure convenue, et l’on se mit en marche pour Sainte-Brigitte où l’on entendit la messe. Après cette cérémonie, eut lieu, entre l’abbé Jérôme et le ménestrel Bertram, un entretien à la suite duquel le premier consentit, avec la permission de sir Aymer de Valence, à recevoir le jeune Augustin dans son abbaye pour quelques jours. En reconnaissance de cette hospitalité, Bertram promit, à titre d’aumône, une gratification qui satisfit pleinement le supérieur.