Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/397

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CHAPITRE XXXVI.

UN PARENT.


Il réclama le droit de parenté, et force fut de reconnaître ce droit.
Goldsmith. Le Village abandonné.


Tressaillant à cette apparition inattendue, Mowbray éprouva néanmoins une espèce de consolation en songeant que son entrevue avec Étherington était retardée. Ce fut donc avec un mélange de mécontentement et de satisfaction intérieure qu’il demanda ce qui lui procurait l’honneur d’une visite de M. Touchwood à une heure si avancée.

« La nécessité, répondit Touchwood ; la nécessité qui fait trotter même une vieille femme Corbleu ! monsieur Mowbray, j’aurais mieux aimé gravir le Saint-Gothard que courir le risque de me faire cahoter sur ces épouvantables routes, dans cette maudite brouette… Sur ma parole, je crois qu’il faut que je donne à votre sommelier la peine de m’apporter quelque chose pour me rafraîchir le gosier. »

Maudissant à part lui le sans-façon de l’étranger, M. Mowbray ordonna à un domestique de servir de l’eau et du vin : Touchwood se versa un plein verre qu’il avala. Après avoir longuement disserté sur différents sujets, et forcé le laird de Saint-Ronan à le prier d’expliquer enfin le but de sa visite, le vieux nabab lui adressa la question suivante : « N’avez-vous jamais ouï parler de certain vieillard appelé Scroggie, qui se mit en tête, le pauvre homme ! d’être honteux du nom qu’il portait, quoiqu’il appartînt à nombre de gens honnêtes et respectables ? Il imagina de le joindre à votre surnom de Mowbray, comme sonnant d’une manière plus chevaleresque, plus normande, bref, plus noble. — Oui, j’ai entendu parler de cette personne, quoique depuis peu seulement. Reginald-Scroggie Mowbray était son nom. J’ai raison de croire que son alliance avec ma famille est véritable, quoique vous paraissiez m’en parler avec ironie, monsieur. Je crois que M. Scroggie Mowbray a voulu, comme le démontre le texte de ses dernières volontés, que son héritier prît une épouse dans notre maison. — C’est la vérité, monsieur Mowbray, la pure vérité, et certainement ce n’est pas votre affaire de mettre la cognée au pied d’un arbre généalo-