Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/402

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un mot de tout cela. Il faut que j’aille tout de suite trouver ma sœur, et que je lui demande si ces merveilleuses communications ont le moindre fondement. — N’en faites rien : je vous expliquerai tout moi même. Et d’abord je vous dirai, pour qu’aucun soupçon ne plane sur ce pauvre M. Cargill, qu’il n’a consenti à leur donner la bénédiction nuptiale, que parce qu’on a flétri la réputation de votre sœur pour lui faire croire qu’un prompt mariage était le seul moyen de sauver son honneur… — Si je le croyais, si je pouvais le croire !… et pourtant voilà qui semble expliquer en partie la mystérieuse conduite de ma sœur… Oui, si je pouvais le croire, je tomberais à genoux, et je vous adorerais comme un ange du ciel ! — Une singulière espèce d’ange ! » dit Touchwood en regardant avec modestie ses courtes et grosses jambes ; « avez-vous jamais entendu parler d’un ange en guêtres ? Mais rasseyez-vous ; soyez homme de sens, et écoutez toute cette étrange histoire. » Mowbray reprit donc son siège, et Touchwood lui conta à sa manière, et avec une foule de remarques incidentes, les anciennes amours de Clara et de Tyrrel… les raisons qui avaient d’abord porté Bulmer à encourager leur liaison, dans l’espoir que son frère s’attirerait par un mariage clandestin la haine implacable de son père… le changement qui s’opéra dans ses vues quand il s’aperçut de l’importance attachée par le vieux comte à l’union de miss Mowbray avec son héritier présumé… le stratagème auquel le désespoir l’avait fait recourir en se substituant à son frère… ci toutes les conséquences qu’il est inutile de rappeler ici, puisqu’elles sont détaillées au long par Étherington lui-même dans sa correspondance avec le capitaine Jekill.

« Et quelles preuves avez-vous de la vérité de cette étrange histoire ? » demanda Mowbray presque stupéfié par toutes les choses étonnantes qu’il venait d’apprendre.

« J’ai le témoignage d’un homme, répondit Touchwood, qui a été l’agent de toutes ces manœuvres, depuis la première jusqu’à la dernière ; vous devinez sans doute que je parle de Solmes ; et voici comment je fis la connaissance de ce coquin. Pensant, je suppose, que feu le comte d’Étherington avait oublié de récompenser à leur juste valeur les services du valet de son fils, il répara cet oubli par un petit mandat de 100 livres sur notre maison, au nom et avec la signature apparente du défunt ; on découvrit cette petite supercherie, et M. Solmes, porteur du billet, aurait probablement fini par la potence si je ne l’eusse sauvé à condition qu’il me don-