Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/417

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par le bras, il faut que nous décampions vite, avant qu’il nous arrive pire. J’ai là un excellent petit bidet, et vous avez votre cheval : rendons-nous d’abord à Marchthorn… Major Jekill, je vous souhaite le bonjour ; voulez-vous mon parapluie pour retourner à l’hôtel ? car il me semble que le temps est à la pluie. »

Mowbray n’avait guère fait plus d’une centaine de pas avec son guide et compagnon, lorsqu’il s’arrêta tout-à-coup et refusa d’aller plus loin avant d’avoir appris ce qu’était devenue Clara. Le capitaine commençait à trouver qu’il avait une tête un peu dure à mener, lorsque, tandis qu’ils discutaient ensemble, passa M. Touchwood dans sa chaise de poste. Aussitôt qu’il reconnut Mowbray, il fit arrêter la voiture pour lui apprendre que sa sœur était au vieux village : et il le savait pour avoir vu à Marchthorn le messager qu’on avait envoyé chercher les secours de l’art, lesquels secours ne pouvaient être prêtés par l’Esculape du lieu, le docteur Quackleben, attendu qu’il avait épousé, le matin même, mistress Blower, et qu’il était parti, suivant l’usage, pour faire son voyage de noces.

En retour de cette nouvelle, le capitaine Mac Turc communiqua à M. Touchwood la mort du comte d’Étherington. Le vieillard les pressa vivement de prendre la fuite, leur en fournit les moyens en espèces sonnantes, s’engagea à faire donner toute espèce de secours et de soins à la malheureuse jeune fille, et représenta à Mowbray que, s’il demeurait dans le voisinage, une prison le séparerait bientôt de Clara. Mowbray et son compagnon se dirigèrent alors en toute hâte vers le sud, gagnèrent Londres sans accident, et de là passèrent ensemble dans la Péninsule, où la guerre était alors des plus chaudes.

Il nous reste peu de chose à dire. M. Touchwood vit encore, formant des plans qui n’ont aucun objet, et accumulant une fortune dont personne ne semble devoir hériter. Le vieillard a, plus d’une fois, voulu faire de Tyrrel son héritier et son ami ; mais aussitôt que cette intention a été connue de Tyrrel, il a quitté le pays, et depuis ce temps on n’en a point entendu parler, quoique pour posséder le titre et les domaines d’Étherington il n’ait qu’à se présenter. L’opinion de plusieurs personnes est qu’il est entré dans une mission de frères moraves, à laquelle il avait déjà consacré des sommes énormes.

Depuis le départ de Tyrrel, personne ne peut deviner ce que le vieux Touchwood fera de son argent. Il parle souvent des circon-