Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/63

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les remettre tout de suite sur le pied de la franchise et de la bonne intelligence. Ils se séparèrent donc sans qu’il fût davantage question de la partie de plaisir projetée. Mais bientôt sir Aymer de Valence reçut un billet dans les règles où il était prié de vouloir bien accompagner le commandant du château de Douglas à une grande partie de chasse dirigée contre les buffles sauvages.

L’heure du rendez-vous était fixée à six heures du matin, et le lieu de réunion était la porte de la barricade extérieure. L’expédition fut annoncée comme devant finir dans l’après-midi : le rappel devait être sonné sous le grand chêne connu par le nom de Massue de Sholto, arbre remarquable qui s’élevait sur la limite de la vallée de Douglas, dans un lieu où, excepté ce colosse, de chétifs arbrisseaux bordaient seuls le pays de forêts et de montagnes. L’avertissement d’usage fut envoyé aux vassaux ou paysans du district ; et, malgré leur sentiment d’antipathie pour l’étranger, ils le reçurent en général avec plaisir, d’après le grand principe d’Épicure… carpe diem… c’est-à-dire qu’en quelque circonstance qu’on se trouve placé, il ne faut jamais laisser échapper l’occasion de se divertir. Une partie de chasse avait encore ses attraits, alors même qu’un chevalier anglais prenait ce plaisir dans les bois des Douglas.

Il était sans doute affligeant pour ses fidèles vassaux de reconnaître un autre seigneur que le redoutable Douglas, et de traverser forêts et rivières sous les ordres d’officiers anglais et dans la compagnie de leurs archers qu’ils regardaient comme leurs ennemis naturels : encore était-ce le seul genre d’amusement qui leur eût été permis depuis long-temps, et ils n’étaient pas disposés à perdre cette rare occasion. La chasse au loup, au sanglier, ou même au cerf timide, nécessitait des armes spéciales, celle aux bestiaux sauvages exigeait qu’on fût muni d’arcs et de flèches de guerre, d’épieux et d’excellents coutelas, ainsi que des autres armes que les hommes emploient pour se détruire entre eux. Par ce motif, il était rare qu’on permît aux Écossais de suivre les chasses, à moins qu’on ne déterminât leur nombre et leurs armes, et surtout qu’on ne prît la précaution de déployer une force supérieure du côté des soldats anglais : encore la plus grande partie de la garnison était-elle mise sur pied, et plusieurs détachements, formés suivant l’ordre du gouverneur, étaient stationnés en différents endroits, en cas qu’il survînt quelque querelle soudaine.