Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’est pas probable qu’il s’y soit joint aussi soudainement. — On ne peut pas répondre de cela : leur zèle s’allume quelquefois tout d’un coup à la moindre étincelle, aussi promptement que la poudre. J’ai connu un ministre qui vivait en bon voisin avec tous ses paroissiens, et qui paraissait aussi tranquille qu’une fusée sur son bâton ; mais vous n’aviez qu’à prononcer le mot d’abjuration ou quelque chose de semblable, aussitôt il prenait feu, et s’élevait dans les airs à mille lieues du sens commun. — Je n’ai pas de raison de croire, dit le magistrat, que le zèle de ce jeune Butler soit d’une nature si inflammable ; mais je prendrai de nouvelles informations. Quelle affaire avons-nous maintenant ? »

Ils s’occupèrent alors de l’investigation minutieuse de l’affaire de Porteous et autres, dans lesquelles nous n’avons pas besoin de les suivre.

Ils furent interrompus dans cette occupation par une femme du peuple, à l’air hagard, et dont les vêtements annonçaient une extrême misère. Elle entra avec précipitation dans la salle du conseil.

« Que voulez-vous, bonne femme ? Qui êtes-vous ? dit le bailli Middleburg. — Ce que je veux » ? dit-elle d’un air d’humeur ; « je veux mon enfant, et pas autre chose de vous, tout grands que vos soyez ; » et elle continua de grommeler entre ses dents, de ce ton hargneux et mécontent qu’on trouve quelquefois dans les vieillards. « Il faut sans doute les appeler Milords et Votre Honneur ! regardez-les, ces buveurs de sang, et vous ne trouverez pas un homme respectable parmi eux. » Puis s’adressant de nouveau au magistrat : Votre Honneur me fera-t-il rendre ma pauvre folle de fille ? Son Honneur ! J’ai vu un temps où il n’y avait pas besoin de tant de façons pour lui parler, ce petit-fils d’un patron de paquebot ! — Bonne femme, » dit le magistrat à notre suppliante d’un nouveau genre, « dites-nous ce que vous voulez et ne venez pas nous troubler plus long-temps. — C’est comme si vous disiez : Aboie, chienne, et que cela finisse. Je vous dis, continua-t-elle en élevant sa voix criarde, « je vous dis que je veux mon enfant ; cela n’est-il pas du bon écossais ? — Qui êtes-vous ? qui est votre fille ? demanda le magistrat. — Ce que je suis ? Et qui serais-je, sinon Meg Murdockson ? et que voulez-vous que soit mon enfant, si ce n’est Madge Murdockson ? Vos soldats, vos constables, vos officiers, nous connaissent assez quand ils viennent nous arracher jusqu’aux haillons qui nous couvrent, et nous mener à la maison