Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/254

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CHAPITRE XXIII.

LA SŒUR TÉMOIN.


Très-excellent juge, une sentence… Allons, préparez-vous.
Shakspeare. Le marchand de Venise.


Je n’ai nullement l’intention de décrire en détail les formes d’un procès criminel devant une cour d’Écosse, et je ne suis pas sûr non plus qu’il me fût possible d’en rendre compte d’une manière assez intelligible et assez exacte pour échapper à la critique de messieurs les avocats. Je me contenterai de dire que les jurés furent constitués, et que les débats continuèrent. La prévenue fut encore appelée pour répondre à l’accusation, et répondit de nouveau, innocente, avec un accent aussi déchirant que la première fois.

L’avocat du roi appela alors deux ou trois témoins du sexe féminin, dont les dépositions servirent à prouver qu’elles avaient remarqué la situation d’Effie ; qu’elles lui avaient fait part de leurs soupçons, et qu’elle avait nié constamment le fait dont elles l’accusaient, et quelquefois avec hauteur et colère. Mais comme cela se voit fréquemment, ce fut la déclaration de la prévenue elle-même qui nuisit plus que tout le reste à sa cause.

Dans le cas où cette histoire serait lue de l’autre côté des frontières, il peut être à propos d’informer le lecteur étranger, que c’est la coutume en Écosse, lorsqu’on arrête une personne soupçonnée d’un délit quelconque, de lui faire subir un interrogatoire judiciaire devant un magistrat. Cet individu n’est obligé de répondre à aucune des questions qui lui sont faites, et peut garder le silence, s’il croit de son intérêt de le faire ; mais toutes ses réponses sont mises par écrit, et, étant signées par lui et le magistrat, elles sont reproduites, si l’accusé est traduit en jugement. Il est vrai que ces déclarations ne sont pas regardées comme formant évidence par elles-mêmes, mais seulement comme admissibles en témoignage, et tendant à corroborer ce qui est considéré comme évidence légale. Malgré cette distinction un peu subtile, introduite par les hommes de loi pour concilier cette procédure avec leur règle générale, qu’un homme ne peut pas rendre témoignage contre lui-même, il arrive pourtant fort souvent que ces déclarations de l’accusé le font condamner pour ainsi dire par sa propre bouche. Le prisonnier, dans les premiers interroga-