Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/282

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que vous avez fréquentés ; et moi, moi… » Ici elle se tordit les mains et pleura amèrement.

« Ne pensez pas à cela en ce moment, dit Jeanie ; vous en aurez tout le temps si nous pouvons racheter votre vie. Adieu ! À moins que je ne meure en route, je verrai la face de ce roi qui a le pouvoir de pardonner… Oh, monsieur ! » dit-elle en s’adressant à Ratcliffe, « soyez bon pour elle ; elle n’avait jamais eu besoin jusqu’ici de la protection d’un étranger.. Adieu, adieu, Effie… Ne me parlez pas ; il ne faut pas que je pleure maintenant ; ma tête n’est déjà que trop agitée… »

Elle s’arracha des bras de sa sœur et s’échappa de sa chambre. Ratcliffe la suivit et lui fit signe d’entrer avec lui dans une petite salle. Elle l’y suivit, mais non sans trembler.

« Qu’est-ce qu’a la sotte à trembler ainsi ? dit-il. Je n’ai que de bonnes intentions… Du diable si je puis m’empêcher de vous respecter ; et parbleu ! vous avez tant de cœur, qu’il ne me paraît pas impossible que vous réussissiez. Mais écoutez, il ne faut pas vous présenter devant le roi que vous ne vous soyez fait quelque ami… Adressez-vous au duc ; adressez-vous à Mac-Callum More. Il est l’ami des Écossais : je sais que les gens de la cour ne l’aiment pas beaucoup ; mais ils le craignent, et cela revient au même. Ne connaissez-vous personne qui puisse vous donner une lettre pour lui ? — Le duc d’Argyle ? » dit Jeanie, frappée tout à coup d’un souvenir. « Qu’est-il à cet Argyle qui a souffert du temps de mon père, du temps des persécutions ? — Son fils ou son petit-fils, je pense, dit Ratcliffe ; mais que vous importe ? — Dieu soit loué ! » dit Jeanie en joignant les mains avec ferveur. — Vous autres whigs, dit l’ex-brigand, vous remerciez toujours Dieu de tout… Mais écoutez, mon enfant, j’ai un secret à vous dire : vous pourrez faire de mauvaises rencontres sur les frontières ou dans l’intérieur du pays, avant d’arriver à Londres. Mais du diable si l’un d’eux touche à une connaissance de Daddie Raton ; car, quoique je sois retiré des affaires publiques, cependant ils savent que je puis encore leur rendre de bons ou de mauvais services ; et je parie qu’il n’y a pas un bon garçon qui exerce depuis un an dans les montagnes ou sur le grand chemin qui ne connaisse ma passe aussi bien que le cachet d’un juge de paix d’Angleterre[1]. Mais je vois bien que tout cela est du latin de voleur pour vous. »

  1. Tout ceci est en termes d’argot dans le texte : les équivalents nous auraient a. m.