Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/468

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obstacles que le père aurait pu apporter à son mariage, obstacles dont le duc ne soupçonnait pas même l’existence.

Nous avons déjà remarqué que Davie Deans avait contre Butler quelques préventions, qui venaient probablement de ce qu’il soupçonnait secrètement le pauvre sous-maître d’oser lever les yeux sur sa fille aînée. Ceci était, dans l’opinion de Davie, un péché de présomption, quoiqu’il n’eût encore reçu aucune ouverture, aucune proposition effective. Mais le profond intérêt que Butler avait pris à ses malheurs depuis le départ de Jeanie pour Londres, et qu’il ne pouvait attribuer, en l’absence de sa fille, qu’à son respect et son attachement pour lui-même, avait beaucoup adouci l’espèce d’irritabilité avec laquelle Davie l’avait traité quelquefois. Tandis qu’il était dans ces bonnes dispositions à l’égard de Butler, il arriva un autre incident qui eut beaucoup d’influence sur l’esprit du bon vieillard.

Aussitôt que Davie Deans se fut un peu remis de l’émotion que lui avait causée la disparition d’Effie, son premier soin fut de rassembler l’argent nécessaire pour compléter la somme que le laird de Dumbiedikes avait avancée pour le procès d’Effie et pour les besoins de Jeanie. Le laird, son cheval, son chapeau galonné et sa pipe n’avaient pas paru à Saint-Léonard depuis long-temps ; de sorte que, pour payer cette dette, Davie se vit dans la nécessité de se rendre lui-même au château de Dumbiedikes.

Il y régnait une activité à laquelle le vieux Deans s’attendait peu. Des ouvriers enlevaient quelques-unes des vieilles tapisseries pour les remplacer par d’autres. On grattait, on nettoyait, on lavait et repeignait partout ; on ne pouvait reconnaître la vieille maison qui avait été si long-temps le séjour de l’indolence. Le laird lui-même semblait tout préoccupé, et son accueil, quoique amical, n’était plus mêlé, comme autrefois, de respect et de cordialité. Il y avait aussi un changement, que Davie ne pouvait s’expliquer, dans l’extérieur de ce propriétaire. Ses vêtements étaient d’une forme plus moderne et ajustés avec une sorte d’élégance : c’étaient autant d’innovations. Le vieux chapeau lui-même avait l’air retapé et remis à neuf, le galon en avait été rafraîchi, et au lieu d’être placé sur la tête du laird en avant ou en arrière, à tout hasard, il était incliné sur l’oreille avec un air d’intention.

Davie Deans expliqua son affaire et compta son argent. Dumbiedikes prêta volontiers l’oreille à la première, et compta le second avec beaucoup d’attention, interrompant Davie, tandis qu’il