Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 4, 1838.djvu/239

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ils observèrent dans ces actes de violence une certaine délicatesse et une attention tant pour sa commodité que pour sa sûreté, qui lui firent croire que sa requête avait produit quelque effet. Ils l’attachèrent sur la selle de son palefroi, et l’emmenèrent avec eux dans les montagnes, tandis qu’elle avait le double chagrin d’entendre derrière elle le bruit d’une lutte causée par les efforts inutiles que faisait sa suite pour la sauver.

L’étonnement s’était d’abord emparé des chasseurs, quand ils virent de loin leur chasse interrompue par une attaque violente contre leur maîtresse. Le vieux Raoul éperonna bravement son cheval, et, criant aux autres de le suivre, s’avança furieux vers les bandits ; mais, ainsi que ses compagnons, n’ayant pour arme qu’un bâton de fauconnerie et un petit sabre, il fut aisément repoussé, et les bandits frappèrent sur eux avec leurs propres bâtons jusqu’à ce qu’ils fussent mis en éclats, mais s’abstinrent généreusement de l’usage d’armes plus dangereuses. Le reste de la suite, complètement découragé, se dispersa pour donner l’alarme, et le marchand avec la dame Gillian restèrent près du lac, faisant retentir l’air de cris inutiles de crainte et de douleur. Les proscrits, pendant ce temps, se rapprochèrent en corps, lancèrent quelques flèches aux fugitifs, mais plus pour les effrayer que pour leur nuire, puis s’en allèrent pour couvrir leurs compagnons qui étaient partis emmenant lady Éveline prisonnière.







CHAPITRE XXIV.

la prisonnière.


Quatre brigands me saisirent hier matin. Hélas ! une vierge abandonnée ! Ils étouffèrent mes cris par la force des méchants, et me lièrent sur un palefroi blanc.
Coleridge.


De pareilles aventures, qu’on ne cite plus maintenant que dans lies ouvrages de fiction, n’étaient pas extraordinaires dans les temps féodaux, où la force ne respectait jamais le bon droit ; et il s’ensuivait que ceux que leur condition exposait souvent à des violences étaient plus prompts à les repousser, et les enduraient ensuite plus patiemment qu’on n’aurait pu s’y attendre d’après leur sexe et leur âge.

Lady Éveline sentit qu’elle était prisonnière, et elle n’était pas