Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 4, 1838.djvu/263

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troupe que ceux du château, il se trouva dans la cour à la tête de quarante cavaliers.

Mais, quoiqu’on eût obéi au page jusque-là, néanmoins, quand les soldats apprirent qu’ils allaient partir pour une expédition dangereuse, sans général plus expérimenté qu’un jeune homme de quinze ans, ils montrèrent une grande répugnance à sortir du château. Les vieux soldats de de Lacy dirent que Damien lui-même était trop jeune pour les commander et n’avait pas le droit de transmettre son autorité à un enfant ; tandis que les serviteurs de Berenger dirent que leur maîtresse devait être assez satisfaite de sa délivrance du matin, sans s’attirer de plus grands dangers en diminuant la garnison du château. « Le temps, dirent-ils, est orageux, et il est prudent de s’abriter sous un toit de pierre. »

Plus les soldats se communiquaient leurs idées, plus ils se sentaient d’éloignement pour l’entreprise ; et quand Amelot qui, en vrai page, était allé faire harnacher son cheval, revint dans la cour du château, il les trouva tous groupés confusément, les uns à cheval, les autres à pied, tous parlant à haute voix et sans ordre. Ralph Genvil, vétéran dont le visage portait la marque de plus d’une cicatrice, et qui avait long-temps fait le métier de soldat de fortune, restait à part, tenant la bride de son cheval d’une main et de l’autre la lance autour de laquelle la bannière de de Lacy était encore roulée.

« Que signifie ceci, Genvil ? » dit le page avec colère. « Pourquoi ne montez-vous pas à cheval et ne déployez-vous pas la bannière ? et quelle est la cause de tout ce désordre ?

— Sire page, » dit Genvil avec calme, « je ne suis pas en selle parce que j’ai quelque respect pour ce vieux chiffon de soie que j’ai autrefois porté avec honneur ; mais je ne le déploierai pas volontiers quand les soldats ne veulent ni le suivre ni le défendre.

— Point de marche, point de sortie, et ne déployez point la bannière aujourd’hui ! » s’écrièrent les soldats, comme pour appuyer le discours du porte-bannière.

« Comment, lâches, vous vous mutinez ! » dit Amelot en portant la main sur son épée.

« Ne me menacez pas, jeune garçon, dit Genvil, et ne brandissez pas votre épée de mon côté. Je te dis, Amelot, que si mon arme se croisait avec la tienne, ta brochette dorée volerait en éclats comme les grains d’avoine battus par le fléau. Vois-tu, il y a ici des barbes grises qui ne soucient pas de marcher selon le