Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 4, 1838.djvu/289

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Le château était vivement pressé, et le petit nombre de ses défenseurs, accablés par les blessures, les veilles et les privations, avaient maintenant le nouveau découragement de voir déployée devant leurs murs la seule bannière en Angleterre de laquelle ils avaient espéré recevoir des secours.

Les prières énergiques d’Éveline, que ni le malheur, ni le besoin n’abattaient, perdirent peu à peu leur influence sur les défenseurs du château ; et l’on agita ou discuta des projets de reddition dans un conseil tumultueux, où non-seulement les officiers inférieurs, mais plusieurs hommes de basse extraction s’étaient réunis ; car dans une détresse générale, tous les liens de la discipline sont brisés, et chaque homme reste libre de parler et d’agir pour lui-même. À leur surprise, au milieu de leur discussion, Damien de Lacy, quittant le lit de douleur sur lequel il était retenu depuis si long-temps, parut parmi eux, pâle et faible, les joues couvertes de cette couleur cadavéreuse que laisse une longue maladie. Il s’appuyait sur son page Amelot : « Gentilshommes et soldats, dit-il… cependant pourquoi vous nommerais-je ainsi ?… Des gentilshommes doivent toujours être prêts à mourir pour une dame ; des soldats méprisent la vie pour l’honneur.

— Qu’il sorte ! qu’il sorte ! » s’écrièrent quelques soldats en l’interrompant, « il voudrait que nous, qui sommes innocents, nous mourussions de la mort des traîtres, et que nous fussions pendus dans notre armure sur les murailles, plutôt que de nous séparer de sa maîtresse.

— Paix, esclave insolent ! » dit Damien d’une voix de tonnerre, « ou mon dernier coup sera avili en frappant un misérable comme toi !… Et vous, » continua-t-il en s’adressant aux autres, « vous qui reculez devant les devoirs de votre profession, parce que la mort peut les terminer quelques années plus tôt que vous ne le pensiez ; vous qui êtes aussi épouvantés que des enfants à la vue d’une tête de mort, ne supposez pas que Damien de Lacy veuille s’abriter aux dépens de ces vies qui vous sont si chères. Faites votre marché avec le roi Henri. Livrez-moi à sa justice ou à sa sévérité ; ou, si vous le préférez, coupez ma tête, et jetez-la des murs du château comme une offrande de paix. C’est Dieu qui justifiera mon honneur quand il le jugera convenable. En un mot, livrez-moi, mort ou vif, ou bien ouvrez vos portes, et permettez que je me livre moi-même. Seulement, si vous êtes des