Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/244

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Le contenu de la lettre causa beaucoup de surprise à Waverley. Il vit qu’on avait d’abord mis en tête, Cher Monsieur ; mais ces mots avaient été soigneusement effacés, et celui de Monsieur tout seul leur avait été substitué. Nous rapporterons la lettre entière de Rose :

« Monsieur,

« Je crains de prendre une liberté inconvenante en vous importunant, et je n’ai cependant pas d’autre moyen de vous communiquer les choses qui se sont passées ici, et dont il me semble nécessaire que vous soyez informé. Si j’ai tort dans la démarche que je fais en ce moment, veuillez l’excuser, monsieur Waverley, car, hélas ! n’ayant personne pour me conseiller, je n’ai pu me laisser guider que par mon propre cœur. Mon bien-aimé père n’est plus ici, et Dieu sait quand il pourra revenir me secourir et me protéger ! Vous avez sans doute appris qu’en conséquence de quelques nouvelles inquiétantes de mouvements qui se font dans les montagnes, on avait envoyé des mandats pour arrêter plusieurs gentilshommes du pays, et entre autres mon cher père. Malgré mes larmes et les prières que je lui fis de se rendre aux ordres du gouvernement, il a trouvé moyen de s’y soustraire, et de se joindre à M. Falconer et à quelques autres gentilshommes qui ont pris la route du nord avec un corps de quarante cavaliers. Ainsi, je crains moins pour sa sûreté personnelle en ce moment que je ne redoute le résultat de tous ces troubles qui ne font que commencer. Tous ces détails vous sont peut-être bien indifférents, monsieur Waverley ; cependant j’ai cru que vous seriez bien aise d’apprendre que mon père s’est échappé, dans le cas où vous auriez entendu parler du danger qu’il courait d’être arrêté.

« Le lendemain du départ de mon père, un détachement de soldats vint à Tully-Veolan, et traita fort rudement le bailli Mac Wheeble. Cependant l’officier qui le commandait fut très-honnête à mon égard, et me dit seulement que son devoir l’obligeait à faire une recherche exacte des papiers et des armes qui pouvaient se trouver dans la maison. Heureusement mon père avait pourvu à cela en emportant toutes les armes, excepté ces vieilles armures inutiles qui sont pendues dans la grande salle, et en cachant tous ses papiers. Mais pourquoi faut-il que je vous dise, monsieur Waverley, qu’il fit un interrogatoire sévère à votre sujet ? Entre autres questions, on demanda à quelle époque vous aviez