Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/288

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moins que le tambour de la ville d’Anderton. Il me rappelle encore son successeur dans cet office, membre de cette corporation illustre, la Convention britannique. Que sa mémoire soit donc entourée du respect qui lui est dû !


CHAPITRE XXXV.

UN VOLONTAIRE IL Y A SOIXANTE ANS.


Dès que le major Melville entendit le son désagréable du tambour, il se hâta d’ouvrir une porte vitrée et sortit sur une espèce de terrasse qui séparait sa maison de la grande route d’où partait cette musique militaire ; Waverley et son nouvel ami le suivirent, quoique probablement il se fût bien passé de leur compagnie. Ils virent bientôt s’avancer d’un pas solennel, d’abord le tambour, ensuite un large drapeau à quatre compartiments sur lesquels étaient écrits ces mots, le Covenant, l’Église, le Roi, les Royaumes. L’individu qui avait l’honneur de porter cet enseigne était suivi par le commandant de la troupe, homme sec et sombre, au regard sévère, et d’environ soixante ans. L’orgueil dévot qui chez mon hôte du Chandelier se montrait dans une sorte d’hypocrisie méprisante, avait, sur la figure de ce chef, un caractère plus relevé et pourtant gâté par un fanatisme sincère et fougueux. Il était impossible de le voir sans que l’imagination le plaçât dans quelque crise étrange où la religion serait la seule règle de conduite. Martyr sur le chevalet, soldat sur le champ de bataille, banni loin des hommes, errant et consolé par la conviction d’une foi pure et solide ; peut-être inquisiteur féroce, aussi inflexible dans l’exercice de son autorité qu’impitoyable pour l’infortune : tous ces rôles semblaient convenir à ce personnage. Avec ces traits marqués d’énergie, il y avait quelque chose d’affecté dans la concision de ses discours et dans la gravité de sa démarche qui prêtait au ridicule ; on pouvait donc, suivant l’humeur où l’on se trouvait, et la manière dont se présentait M. Gilfillan, être frappé, en le voyant, de crainte et d’admiration, ou se mettre à rire. Il était habillé comme les paysans de l’ouest, d’une étoffe moins grossière, il est vrai, que celle des pauvres montagnards, mais sans prétendre le moins du monde à la mode du temps ou à celle des seigneurs écossais à aucune époque. Il était armé d’un sabre et