Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/427

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dangereux dans une retraite. » — « Et le plus honorable, par conséquent. »

« Eh bien, dit Fergus, qu’Alick tienne votre cheval tout prêt pour le cas où nous viendrions à être attaqués, et j’aurai encore une fois le plaisir de causer avec vous. »

L’arrière-garde tarda à paraître ; elle avait été retenue par divers accidents et par le mauvais état des routes ; enfin elle entra dans le village. Quand Waverley se joignit aux Mac-Ivor, se tenant par le bras avec leur chef, la haine qu’ils avaient conçue contre lui sembla effacée de tous les cœurs. Evan Dhu l’accueillit avec un sourire de félicitation, et Callum Beg, qui était aussi leste et bien portant que jamais, quoique un peu pâle par suite sans doute de la blessure qu’il avait reçue à la tête, Callum Beg parut satisfait de le revoir.

« Il faut que le crâne de ce gibier de potence, dit Fergus, soit aussi dur que le marbre, le chien du pistolet s’y est brisé. »

« Pourquoi avez-vous frappé ainsi ce jeune garçon ? » dit Waverley avec quelque intérêt. — « Si on ne les frappait pas fort de temps à autre, ces coquins s’oublieraient. »

Ils étaient alors en marche ; toutes les précautions étaient prises pour éviter une attaque imprévue ; le clan de Fergus et un autre clan, qui formaient le beau régiment de Badestoon, sous les ordres de Cluny Mac-Pherson, fermaient la marche. Ils venaient de traverser une large plaine, et entraient dans les murs qui entourent un petit village appelé Clifton. Le soleil, qui avait brillé pendant cette journée d’hiver, venait de se coucher, et Édouard commençait à railler Fergus sur les funestes prédictions du fantôme gris. « Les ides de mars ne sont pas encore passées, » répondit celui-ci en souriant. En ce moment, tournant les yeux vers la plaine, il aperçut confusément un corps nombreux de cavaliers qui s’avançaient sur sa brune et sombre surface. Se ranger en ordre de bataille derrière les murs et sur la route par laquelle les cavaliers devaient déboucher dans le village, ce fut pour les montagnards l’affaire d’un instant. Pendant que ces manœuvres s’opéraient, la nuit tomba ; elle était noire et profonde ; quoique la lune fût à cette époque dans son plein, quelquefois seulement un de ses rayons, se faisant jour à travers deux nuages, éclairait la scène où allait s’engager l’action.

Les Highlandais ne tardèrent pas à être attaqués dans les positions qu’ils avaient prises. À la faveur de la nuit, un corps nom-