Aller au contenu

Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de satisfaction semblait ranimer ses traits flétris. « Mais Lucy, ma chère, retournons à la maison ; ne faites pas rester le gentleman ici au froid. Dominie, prenez les clefs de la cave au vin. M. Ma…a… — le gentleman prendra sûrement quelque chose après la course qu’il fient de faire. »

On ne peut exprimer combien Mannering fut affecté par le contraste qu’il remarquait entre cette réception et celle que lui avait faite le même individu lors de sa première visite à Ellangowan. Il ne put retenir ses larmes ; et son émotion, qu’il ne put cacher, lui acquit à l’instant la confiance de la jeune miss Bertram, qui n’avait pas d’amis.

« Hélas ! dit-elle, c’est un sujet de compassion, même pour un étranger ; mais il vaut mieux pour mon pauvre père qu’il en soit ainsi, que de connaître et pouvoir sentir son malheur. »

Un domestique en livrée s’approcha en ce moment et dit à voix basse au jeune gentleman : « Monsieur Charles, milady vous cherche partout pour enchérir à sa place sur l’armoire d’ébène ; lady Jeanne Devorgoil est avec elle ; il faut que vous veniez tout de suite. — Dites-leur que vous n’avez pu me trouver, Tom ; ou, attendez, dites-leur que j’examine les chevaux. — Non, non, dit Lucy Bertram avec empressement ; si vous ne voulez pas ajouter au malheur de ce triste moment, allez rejoindre votre compagnie sur-le-champ. Ce gentleman, j’en suis sûre, nous accompagnera jusqu’à la voiture. — Sans aucun doute, madame, dit Mannering ; votre jeune ami peut compter sur mes soins. — Adieu donc ! » dit le jeune Hazlewood ; et après avoir murmuré un mot à l’oreille de Lucy, il descendit la colline à grands pas comme s’il eût craint que le courage de s’éloigner lui manquât s’il marchait moins rapidement.

« Où court Charles Hazlewood ? dit le vieillard, apparemment accoutumé à sa présence et à ses soins ; où court Charles Hazlewood ? Qu’est-ce qui l’oblige à s’éloigner ainsi maintenant ? — Il reviendra dans un moment, » répondit Lucy avec douceur.

On entendit alors parler du côté des ruines. Le lecteur peut se rappeler que l’éminence sur laquelle se passait cette scène douloureuse servait de communication entre le château et ces ruines.

« Oui, il y a une grande quantité de coquilles et d’algues marines pour engrais, comme vous l’observez ; mais, si l’on voulait bâtir une nouvelle maison, ce qui pourrait à la vérité être nécessaire, il y a de bonnes pierres brutes dans ce vieux donjon : car le diable ici… — Bon Dieu, dit rapidement miss Bertram à Sampson,