Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/160

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était sur un foyer en pierre au milieu d’une immense cheminée, sous le manteau de laquelle étaient deux sièges. Sur l’un d’eux était assise une femme très grande, portant une robe rouge, un chapeau rabattu, et qui ressemblait à une chaudronnière ou à une mendiante. Elle avait à la bouche une petite pipe bien noire qu’elle était occupée à fumer.

Brown demanda quelque nourriture ; aussitôt l’hôtesse essuya avec son tablier plein de farine un coin de la table de sapin, plaça une assiette de bois, un couteau et une fourchette devant le voyageur, lui montra l’énorme pièce de bœuf, et lui recommanda de suivre le bon exemple de M. Dinmont ; ensuite elle servit, dans un pot brun, de la bière qu’elle avait brassée elle-même. Brown ne tarda point à faire honneur au repas. Pendant quelque temps son voisin et lui, trop sérieusement occupés pour penser l’un à l’autre, ne se donnèrent d’autre marque d’attention qu’une inclination de tête chaque fois qu’ils portaient le pot de bière à la bouche. À la fin, notre piéton ayant songé aux besoins du petit Wasp, le fermier écossais, car telle était la profession de M. Dinmont, se trouva disposé à entrer en conversation.

« Un joli basset ! monsieur ; je pense qu’il doit être bon pour le gibier, c’est-à-dire s’il a été bien dressé, car tout dépend de là. — En vérité, monsieur, dit Brown, son éducation a été un peu négligée, et sa meilleure qualité est d’être un compagnon agréable. — Vraiment, monsieur, c’est un malheur, je vous demande pardon, c’est un malheur pour bêtes et gens qu’une éducation négligée. J’ai à la maison six bassets, outre deux couples de lévriers, cinq dogues et d’autres chiens. Il y a le vieux Peper et la vieille Mustard, et le jeune Peper et la jeune Mustard, et le petit Peper et la petite Mustard. C’est moi qui les ai dressés, d’abord en les lançant contre des rats, ensuite contre des furets et des belettes, enfin contre les renards et les blaireaux, et maintenant ils ne craignent aucun animal portant poil. — Je ne doute pas, monsieur, qu’ils n’aient été bien dressés ; mais, ayant un si grand nombre de chiens, vous me semblez n’avoir pas varié beaucoup leurs noms ? — Oh ! c’est une idée que j’ai eue pour distinguer leur race. Le duc lui-même a envoyé Jusqu’à Charlies-Hope pour avoir un Peper et une Mustard des bassets de Dandie Dinmont. Oui, par Dieu, monsieur, il a envoyé Tam Hudson, le garde, et Tam a passé une journée à chasser le renard et le putois, et une journée à faire bombance. Une journée ! c’était la nuit. — Je suppose que vous avez beaucoup