Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/19

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cheval, en lui criant, car il était bien connu de la plupart d’entre eux, qu’il était le bien-venu, et que, comme ils avaient souvent dîné à ses dépens, il devait ce jour-là s’arrêter à partager leur bonne chère. Mon aïeul fut un peu effrayé ; car, de même que le bon fermier du Lochside, il avait sur lui plus d’argent qu’il ne se souciait d’en risquer en pareille société. Néanmoins, naturellement courageux et hardi, il prit la chose du bon côté, et s’assit au festin, qui consistait en gibier, volailles, cochons et autres mets qu’avait pu fournir un système large et peu scrupuleux de rapine. Le dîner fut très joyeux ; mais mon parent reçut de quelques-uns des plus âgés de la bande le conseil de se retirer lorsque

La joie et la plaisanterie
Allaient prendre un peu plus de vie.

Montant à cheval, il prit congé à la française de ses convives, mais sans qu’ils eussent en aucune manière manqué aux lois de l’hospitalité. Je crois que Jeanne Gordon était à ce festin.

« Malgré le malheur de la postérité de Jeanne, dont

Bien d’autres sans miséricorde
Ont subi le sort de la corde,


une petite-fille lui survécut. Je me rappelle l’avoir vue ; c’est-à-dire comme le docteur Johnson avait un vague souvenir de la reine Anne, qu’il se figurait une dame majestueuse, vêtue de noir, éclatante de diamants. En effet, ma mémoire conserve le souvenir solennel d’une femme d’une taille au dessus de la taille ordinaire, portant une longue robe rouge, qui commença à faire connaissance avec moi en me donnant une pomme, mais que je regardais, malgré cela, avec autant de crainte que le futur docteur, prédestiné à devenir haut dignitaire de l’Église et tory, pouvait regarder la reine. Je crois que cette femme est Madge Gordon, sur laquelle un article, où il est question de sa mère Jeanne Gordon, mais qui n’est pas du même auteur que celui précédemment cité, donne quelques détails intéressants.

« La défunte Madge Gordon était à cette époque reconnue pour reine des dans du Yetholm. Elle était, nous pensons, petite-fille de la célèbre Jeanne Gordon, et l’on disait qu’elle lui ressemblait beaucoup. Les détails suivants sont extraits d’une lettre d’un ami, qui eut pendant de longues années des occasions répétées et favorables d’observer le caractère distinctif des tribus du Yetholm ;

« Madge Gordon descendait des Faas par sa mère ; elle fut mariée