Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/326

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment qui paraissait un peu plus décent, c’est-à-dire, qui avait moins de l’aspect d’une prison, car sans l’énorme serrure et les gros verroux de la porte, sans les barreaux massifs de la fenêtre, on eût pu le comparer à la plus mauvaise chambre d’une mauvaise auberge. C’était comme une infirmerie pour les prisonniers dont la santé demandait quelque soin ; et en effet Donald Laider, qui devait partager cette chambre avec Bertram, venait d’être chassé de l’un des deux lits qui s’y trouvaient, pour aller voir si la paille fraîche et le whisky n’auraient pas plus de vertu pour guérir la fièvre intermittente. Cette expulsion avait été faite de force par mistress Mac-Guffog pendant que son mari parlementait avec Bertram dans la cour, car la bonne dame avait un secret pressentiment de la manière dont le traité serait conclu. Cela n’avait probablement pas eu lieu sans quelques coups de poing, car une des colonnes qui soutenaient le ciel du lit était brisée, et les rideaux pendaient au milieu de la chambre comme une bannière déchirée au milieu de la mêlée.

« Ne faites pas attention au désordre, capitaine, » dit mistress Mac-Guffog qui venait de le rejoindre ; puis, tournant le dos au prisonnier, elle dénoua sa jarretière avec toute la décence possible, et s’en servit pour rattacher et rajuster la colonne du lit ; puis elle employa toutes les épingles de son ajustement à draper les rideaux ; enfin elle retourna les matelas du lit, sur lequel elle étendit une mauvaise couverture toute percée : « Voilà maintenant qui ressemble à quelque chose, dit-elle. Quant à votre lit, capitaine, le voici, » ajouta-t-elle en montrant du doigt un gros lit massif à quatre pieds, mais qui ne portait que sur trois (vu l’inégalité du plafond qui avait considérablement baissé, car la maison, quoique neuve, avait été bâtie par entreprise), le quatrième restant suspendu en l’air, comme celui d’un de ces éléphants que l’on voit sur la portière d’une voiture. « Il y a de bons matelas, de bonnes couvertures ; mais si vous voulez des draps, un couvre-pied, un oreiller, des serviettes ou du linge de table, c’est à moi qu’il faut vous adresser ; car c’est l’affaire de la maîtresse de la maison, et mon mari ne fait point entrer tout cela dans son marché. »

Dans cet intervalle, Mac-Guffog avait quitté la chambre, pour échapper sans doute aux réclamations que pouvait faire naître cette nouvelle avanie.

« Au nom de Dieu ! dit Bertram, donnez-moi tout ce qui est nécessaire ; je le paierai ce que vous demanderez. — Fort bien ! fort bien ! c’est tout prêt. Allez, nous ne vous écorcherons pas,