tenant, laird, ne me ferez-vous pas donner une tasse d’eau-de-vie ? — Vous l’aurez, Meg ; asseyez-vous là, contre la porte, et dites-nous les nouvelles que vous avez apprises à la foire de Drumshourloch. — Vrai, laird, vous y manquiez surtout, ainsi que des gens comme vous ; car il y avait, outre moi, quelques belles jeunes filles, et un diable pour leur faire des présents. — C’est bien, Meg ; et combien d’Égyptiens a-t-on envoyés à la Tolbooth[1] ? — Trois seulement, laird, car il n’y en avait pas davantage dans la foire, outre moi, comme je vous l’ai déjà dit : pour moi, je me suis sauvée, car il ne fait pas bon avoir affaire à des gens querelleurs. Et il y a Dunbog qui a chassé Red Rotten et John Young de ses terres ; malédiction sur lui ! Il n’est pas gentilhomme, il n’a pas une goutte de sang de gentilhomme dans les veines, sans cela il n’aurait point envié à de pauvres gens l’abri d’une misérable chaumière, ni les chardons de la grande route pour nourrir leurs ânes, et les écorces des bouleaux pourris pour faire bouillir leur parritch[2]. Mais il y a quelqu’un au-dessus de tout cela, et nous verrons si le coq rouge ne chante pas sur sa belle grange un matin avant le point du jour. — Silence, Meg, silence, il n’est point prudent de parler ainsi.— Que veut-elle dire ? demanda Mannering à Sampson à voix basse.
— Incendie, répondit le laconique Dominie. — Qui est-elle, que fait-elle, au nom de Dieu ? — Coureuse, voleuse, sorcière et Égyptienne, répondit Sampson. — Oh ! vraiment, laird, continua Meg Merrilies pendant cet a parte, ce n’est qu’à vous aussi qu’on peut ouvrir son cœur. Voyez-vous, on dit que Dunbog n’est pas plus gentilhomme que le manœuvre qui a bâti la belle maison de la plaine. Mais parlez-moi de vous, laird, voilà un véritable gentilhomme, depuis des siècles, et qui n’a jamais chassé de pauvres gens de ses terres comme s’ils étaient des chiens malades : aussi aucun de nos gens ne toucherait à ce qui vous appartient, quand même vous auriez autant de chapons qu’il y a de feuilles sur l’arbre du rendez-vous. Et maintenant, qu’un de vous mette là sa montre et me dise la minute exacte de la naissance de l’enfant, afin que je tire son horoscope. — Oui, Meg, mais nous n’avons pas besoin de votre secours, car voici un étudiant d’Oxford qui sait mieux que vous comment il faut tirer son horoscope ; il le fera en consultant les étoiles. — Certainement, monsieur, dit Mannering en entrant dans la bonne humeur de son hôte, je calculerai son thème de