Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/116

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Aubrey, tous gens qui ont perdu leur temps à imaginer des remèdes contre des maux chimériques. Mais j’espère, mon jeune ami, que, sous le charme ou non, protégé par la puissance de l’hypéricon,


De la verveine et de l’anet,
Qui bravent tout pouvoir secret,


ou exposé de nouveau sans défense aux excursions du monde invisible, vous braverez une seconde fois les terreurs de l’appartement enchanté, et accorderez une autre nuit à vos amis fidèles et loyaux.

— Je le désirerais de tout mon cœur ; mais…

— Allons, pas de vos mais, j’ai décidé que vous resteriez.

— Je vous suis extrêmement obligé, mon cher monsieur ; mais…

— Comment donc, vous voilà encore avec vos mais ! Sachez que je déteste ce mot-là ; je ne connais pas de forme d’expression sous laquelle il puisse me paraître supportable[1] ; mais est pour moi une combinaison de lettres plus odieuse que non lui-même. Non est semblable à un franc et honnête garçon un peu brusque, qui dit ce qu’il pense sans considération de personne, et marche droit au but sans s’arrêter ; mais est une espèce de conjonction artificieuse, un prétexte, une défaite polie qui vient vous arracher la coupe au moment où vous la portez à vos lèvres :

« Fi de mais ! ce mot empoisonne
Tout le bien qui l’a précédé ;
Il est, pour quiconque raisonne,
Semblable au geôlier décidé,
Et qui vous annonce en personne
Un criminel par lui guidé. »

— Eh bien alors, dit Lovel encore incertain de ce qu’il devait faire, vous n’attacherez pas à une particule si incivile le souvenir de mon nom. Je crains d’être bientôt obligé de quitter Fairport ; et puisque vous êtes assez bon pour le désirer, je profiterai de cette occasion de passer une autre journée avec vous.

— Et vous en serez récompensé, mon garçon. D’abord vous verrez le tombeau de John Girnel ; puis nous nous en irons tout doucement le long des sables (après nous être informés d’abord de l’état de la marée ; car nous avons assez d’aventures de ce genre) jusqu’au château de Knockwinnock, pour demander des nouvelles

  1. Mais se dit en anglais but. L’auteur ajoute : Excepting as a Butt of sack ; phrase dont le sens est : « Excepté comme un baril de vin d’Espagne. » On voit qu’ici Oldbuck joue sur les mots but, mais, et butt, baril contenant environ cinq cent bouteilles. a. m.