Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/12

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Il me reste à dire que, quoique l’institution des Bedesmen du roi subsiste encore, il est très rare d’en rencontrer maintenant dans les rues d’Édimbourg, leur singulier costume leur imprimant un caractère particulier.

Ayant ainsi rendu compte de l’espèce et du genre de cette classe à laquelle Edie Ochiltree appartient, l’auteur ajoutera que l’individu qu’il a eu en vue était André Gemmells, vieux mendiant du caractère qu’il a décrit, bien connu il y a nombre d’années, et qu’on n’a sans doute pas encore oublié dans les vallées de Gala, de la Tweed, d’Ettrick, de Varrow, et dans les pays voisins.

L’auteur, dans sa jeunesse, a vu plusieurs fois André et a conversé avec lui ; mais il ne peut se rappeler s’il avait le rang de robe bleue. C’était un vieillard d’une tournure remarquable, fort grand, et ayant dans son abord et son maintien quelque chose de martial ; ses traits étaient pleins d’intelligence et marqués par une expression satirique ; il y avait dans tous ses gestes une grâce si frappante, qu’on aurait pu le soupçonner de les étudier, car il était digne, en toute occasion, de servir de modèle à un artiste, tant ses poses les plus habituelles étaient remarquables ; il se servait peu du jargon de ceux de son état ; ses besoins consistaient en une légère nourriture et un gîte, ou une bagatelle en argent qu’il demandait toujours et semblait recevoir comme une chose due ; il savait chanter une bonne chanson, narrer un conte plaisant, et soutenir une raillerie mordante avec tout le sel des bouffons de Shakspeare, quoiqu’il ne portât pas comme eux le manteau de la folie. C’était autant la crainte qu’inspirait l’humeur satirique d’André, qu’un sentiment de bienveillance ou de charité qui lui assurait généralement le bon accueil qu’il recevait partout. Dans le fait, une plaisanterie d’André Gemmells, surtout aux dépens d’un personnage important, se répandait dans le cercle qu’il fréquentait, aussi rapidement que le bon mot d’un homme dont la réputation d’esprit est faite circule dans le grand monde. On se souvient encore de plusieurs de ses saillies ; mais elles sont, en général, trop locales et trop personnelles pour être rapportées ici.

André avait un caractère qui lui était propre parmi ceux de sa classe, au moins à ce que j’ai entendu dire. Il était toujours prêt et disposé à jouer aux cartes ou aux dés avec quiconque désirait se livrer à cet amusement. Ce trait appartient plus au caractère du joueur vagabond d’Irlande, appelé en ce pays carrow, qu’à celui du mendiant écossais. Mais feu le révérend docteur Robert Douglas,