Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/142

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CHAPITRE XIV.

RETOUR À MONKBARNS.


Si j’ose en croire les images flatteuses du sommeil, mes rêves présagent l’approche de quelque joyeuse nouvelle. Mon cœur repose plus légèrement dans mon sein ; et tout le jour, animé par les transports d’une gaîté peu ordinaire, je bondis de joie, et touche à peine la terre en marchant.
Shakspeare. Roméo et Juliette


Le récit de la malheureuse entreprise de sir Arthur avait un peu détourné Oldbuck de questionner Lovel sur les motifs de sa résidence à Fairport. Il était cependant décidé à n’en pas laisser échapper l’occasion. « Miss Wardour vient de m’apprendre que vous la connaissiez déjà, monsieur Lovel. »

Lovel répondit « qu’il avait eu le plaisir de la voir chez madame Wilmot dans le comté d’York. »

— Vraiment ! vous ne m’aviez pas parlé de cela, et vous ne l’avez pas abordée chez moi comme une ancienne connaissance ?

— Jusqu’au moment où vous me présentâtes, dit Lovel fort embarrassé, j’ignorais que ce fût la même personne, et mon devoir, en ce cas, était d’attendre qu’elle me reconnût la première.

— Je conçois votre délicatesse. Le chevalier est un vieux fou pointilleux ; mais je vous assure que sa fille est au dessus de tous ces ridicules préjugés. Et maintenant que vous avez rencontré ici de nouveaux amis, puis-je vous demander si vous avez l’intention de quitter Fairport aussitôt que vous vous le proposiez ?

— Que diriez-vous, si je répondais à votre question par une autre, reprit Lovel, et si je vous demandais quelle est votre opinion sur les rêves ?

— Les rêves, jeune fou ! que voulez-vous que j’en pense, si ce n’est que ce sont les écarts de l’imagination, quand la raison a lâché les rênes ? Je ne connais d’autre différence entre eux et les aberrations de la folie. Dans les deux cas, les chevaux, abandonnés à eux-mêmes, emportent la voiture en fuyant ; seulement dans l’un le cocher est ivre, tandis que dans l’autre il ne fait que sommeiller.