Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/171

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lui-même) ; c’est vraiment une de ces entreprises qui, achevées avec le même esprit qui en dicta la conception, peut venger la littérature actuelle du reproche de frivolité qui lui est adressé. »

Ici il fut interrompu par un coup qui se fit entendre à la porte ; c’était mistriss Hadoway qui apportait une lettre pour M. Lovel, en disant qu’un domestique attendait la réponse.

« Vous êtes intéressé dans cette affaire, monsieur Oldbuck, dit Lovel après avoir jeté un coup d’œil sur le billet qu’il présenta à l’Antiquaire. »

C’était une lettre de sir Arthur Wardour, écrite dans des termes extrêmement polis. Il regrettait qu’un accès de goutte l’eût empêché jusqu’alors de témoigner à M. Lovel, d’une manière quelconque, les obligations qu’il avait à sa conduite courageuse ; il s’excusait de ne pas venir personnellement lui offrir ses complimens, mais espérait que M. Lovel voudrait bien mettre de côté toute cérémonie, et se joindre à sa société pour aller visiter les ruines de l’abbaye de Saint-Ruth et revenir ensuite dîner et passer la soirée au château de Knockwinnock. Sir Arthur terminait en disant qu’il avait envoyé à la famille de Monkbarns une invitation de se réunir à eux dans la partie de plaisir projetée. Le lieu du rendez-vous était fixé à une barrière placée à distance égale des différens points de départ de sa compagnie.

— Que ferons-nous ? dit Lovel en regardant l’Antiquaire, mais déjà tout résolu sur le parti qu’il prendrait.

— Nous irons, certainement. Voyons un peu : il en coûtera une chaise de poste tout entière qui nous contiendra très bien, vous et moi, avec Marie Mac Intyre ; mon autre femelle peut aller voir la sœur du ministre, et la chaise peut encore vous ramener à Monkbarns, puisque nous l’aurons à la journée.

— Mais il me semble que je ferais mieux d’aller à cheval.

— C’est vrai, j’oubliais déjà votre Bucéphale. Et à propos, vous êtes un jeune fou d’avoir acheté cette bête ; vous auriez mieux fait de louer un cheval, si vous aimez mieux vous fier à d’autres jambes qu’aux vôtres.

— Oui, comme les chevaux ont l’avantage de marcher beaucoup plus vite, et qu’ils en ont deux paires pour une, j’avoue que je préfère…

— C’est assez, c’est assez ; faites comme il vous plaira. Alors donc je mènerai Grizzel ou le ministre, car lorsque je loue des chevaux de poste, j’aime à en profiter pour mon argent. Ainsi nous nous