Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/173

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sur laquelle étaient situés Knockwinnock et Monkbarns. Ce révérend personnage était affublé d’une perruque crêpée, sur le haut de laquelle était posé un chapeau retroussé à trois cornes. C’était la sienne qui l’emportait parmi les trois dernières perruques qui restassent à la paroisse et qui différaient entre elles, suivant l’expression de Monkbarns, comme les trois degrés de comparaison ; la perruque plate de sir Arthur étant le positif, la sienne, d’une mode un peu plus ancienne, formant le comparatif, et l’incomparable perruque grisonnante et crêpée du digne ecclésiastique, offrant le superlatif. Le surintendant de ces antiques coiffures, jugeant ou feignant de juger qu’il ne pouvait guère être absent dans une circonstance qui les réunissait toutes trois, s’était assis sur la planche suspendue derrière la voiture, afin d’être là si ces messieurs avaient besoin qu’il leur donnât un petit coup avant dîner. Entre les deux lourdes personnes de l’Antiquaire et du ministre, était placée la mince et délicate forme de Marie Mac Intyre, sa tante ayant préféré une journée passée au presbytère en causant avec son amie miss Beckie Blattergowl, à l’examen des ruines de l’abbaye de Saint-Ruth.

Pendant que Lovel saluait la famille de Monkbarns, on aperçut le carrosse du baronnet qui arrivait grand train au lieu du rendez-vous. C’était une calèche découverte qui, par ses chevaux écumans, ses élégans postillons, ses panneaux chargés d’armoiries, et les deux domestiques à cheval qui la précédaient, formait un assez frappant contraste avec la machine délabrée et les deux haridelles qui avaient amené l’Antiquaire et sa société. Les places d’honneur de la voiture étaient occupées par sir Arthur et sa fille. Au premier regard que se jetèrent mutuellement miss Wardour et Lovel, le teint de la jeune personne s’anima d’une vive rougeur ; mais elle s’était apparemment formé le plan de le traiter comme un ami, car elle répondit avec autant d’aisance que de grâce au salut qu’il lui adressa et qui indiquait assez son agitation. Sir Arthur arrêta la calèche pour serrer cordialement la main de son jeune libérateur, et lui exprimer le plaisir qu’il éprouvait à saisir cette occasion de lui faire ses remercîmens personnels. Puis, d’un ton assez léger et comme n’y attachant pas beaucoup d’importance : « Monsieur Lovel, dit-il, je vous présente M. Dousterswivel. »