Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/204

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d’adresse. « L’adresse, capitaine Mac Intyre, répondit Lovel du même ton, sera à votre service quand vous voudrez vous en informer.

— C’est ce que je ne manquerai pas de faire, reprit le jeune militaire.

— Allons ! allons ! s’écria Oldbuck, qu’est-ce que tout cela veut dire ? nous amenez-vous la discorde ? Nous ne voulons pas ici de rodomont et de jeune fou. Venez-vous du théâtre de la guerre pour exciter des querelles domestiques dans nos paisibles foyers ? êtes-vous donc comme des jeunes dogues, qui, lorsque le taureau est hors de l’arène, se cherchent querelle entre eux, s’entre-déchirent ou mordent aux jambes des honnêtes gens qui sont autour ? »

Sir Arthur dit qu’il espérait qu’ils ne s’oublieraient pas au point de s’échauffer sur une chose aussi insignifiante que le dos d’une lettre.

Les deux agresseurs protestèrent contre aucune intention de ce genre, et les joues enflammées et les yeux étincelans, ils jurèrent qu’ils n’avaient jamais été plus calmes de leur vie. Cependant un embarras évident sembla gagner toute la compagnie ; chacun était trop occupé de ses propres réflexions pour cherchera être aimable, et Lovel, se croyant l’objet des regards froids et soupçonneux du reste de la société, s’avouant aussi que ses réponses indirectes pouvaient avoir donné lieu à d’étranges opinions sur son compte, prit la résolution courageuse de sacrifier le plaisir qu’il s’était promis de passer le reste du jour à Knockwinnock.

Il feignit donc de se plaindre d’un violent mal de tête occasionné par la chaleur du jour à laquelle il ne s’était pas exposé depuis sa maladie, et présenta des excuses très polies à sir Arthur, qui, écoutant déjà plus un soupçon récent que la reconnaissance due à des services passés, ne le pressa pas de rester, au delà de ce qu’exigeait absolument la plus stricte politesse.

Lorsque Lovel s’approcha pour prendre congé des dames, il remarqua dans les manières de miss Wardour une espèce d’intérêt qu’il n’y avait pas encore trouvé. Elle exprima par un coup d’œil rapide jeté sur le capitaine Mac Intyre, et dont Lovel seul put s’apercevoir, le sujet de son alarme, et dit d’une voix moins assurée qu’à l’ordinaire, qu’elle espérait que ce n’était pas un engagement plus grave qui les privait de la compagnie de monsieur Lovel. il lui assura qu’aucun engagement n’était survenu, que c’était seulement