Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/229

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mots réveillèrent tout-à-coup un soupçon qui, se rattachant au sentiment de désespoir que lui causait la perspective de sa ruine prochaine, l’emporta sur tout son effroi. « Vil charlatan ! c’est encore là de vos jongleries pour vous dispenser de l’exécution de vos promesses, comme cela vous est arrivé si souvent ; mais, par le ciel, cette nuit même, j’apprendrai à qui je me suis confié quand je me laissais aveuglément conduire par vous à ma ruine. Continuez, je le veux ; démon ou magicien, vous me montrerez ce trésor, ou vous vous reconnaîtrez pour un fripon et un imposteur, et, sur la foi d’un homme perdu et réduit au désespoir, je vous enverrai dans un lieu où vous trouverez assez d’esprits. »

Le chercheur de trésors, tremblant de la double terreur que lui causaient les esprits surnaturels dont il se croyait entouré et la fureur d’un homme au désespoir à la merci duquel sa vie était en ce moment, ne put que balbutier, « Mon badron, ceci n’est pas la manière… gonsidérez, mon très honoré monsir, que les esbrits… »

Ici Édie, qui commençait à s’amuser de cette scène, proféra un gémissement extraordinaire, espèce d’exagération prolongée de l’accent traînant et plaintif avec lequel il demandait ordinairement la charité. Dousterswivel tomba sur ses genoux ; « Mon cher monsir Ardhur, bartons, ou laissez-moi bartir.

— Non, vil escroc, dit le chevalier en tirant du fourreau l’épée qu’il avait apportée pour servir à l’exorcisme, ce nouveau tour ne vous réussira pas. Il y a long-temps que Monkbarns m’avait averti que vous n’étiez qu’un misérable jongleur. Je veux voir ce trésor avant de quitter ce lieu, ou, par le ciel, vous confesserez que vous êtes un imposteur ; sans quoi je vous passe cette épée au travers du corps quand les ombres de tous les morts viendraient vous entourer.

— Pour l’amour tu ciel, ayez patience, mon très honoré batron, et vous aurez le trésor en guestion. Mais ne parlez pas ainsi des esprits, te crainte te les irriter. »

Édie Ochiltree se préparait ici à faire entendre un autre gémissement, mais il en fut empêché par Lovel qui commençait à prendre un plus vif intérêt à cette scène, en remarquant l’air résolu et presque désespéré de sir Arthur. Dousterswivel, qui avait à la fois devant les yeux la peur de l’esprit malin et celle de la violence de sir Arthur, joua fort mal son rôle de magicien, n’osant pas se donner le degré d’assurance propre à abuser le baronnet, dans la crainte d’offenser l’invisible auteur de ses alarmes. Cependant, après avoir roulé les yeux et marmotté quelques formules d’exorcisme en alle-