Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/23

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Ce fut dans cette disposition chrétienne de tout prendre pour le mieux que nos voyageurs descendirent à l’auberge de la diligence.


CHAPITRE II.

L’AUBERGE.



Monsieur, on me fait injure ici ! Tous les jours un misérable collet de mouton desséché au point d’être râpé en poussière, et, pour le faire couler, un mélange de bière et de lait de beurre. Cela ne se passe pas ainsi dans mon patrimoine. Du vin ! voilà le mot qui réjouit le cœur de l’homme, et chez moi l’on boit du vin. Du vin d’Espagne, me dit mon bouchon ; amusons-nous, et buvons du Xérès : je m’en tiens là.
Ben-Johnson. La nouvelle Auberge.


En descendant le mauvais marche-pied de la diligence devant l’auberge, le vieux voyageur fut salué par son hôte, gros homme goutteux et poussif, avec ce mélange de familiarité et de respect que les aubergistes écossais de la vieille école avaient coutume de se permettre avec leurs pratiques les plus estimées.

« Bon Dieu, Monkbarns ! lui dit-il en l’appelant de son nom de terre, le plus agréable qui puisse frapper les oreilles d’un propriétaire écossais ; est-ce bien vous ? Je ne me doutais guère de voir ici Votre Honneur avant la fin de la session d’été.

— Vieux radoteur, répondit son hôte, dont l’accent écossais, autrement assez peu remarquable, le devenait beaucoup lorsqu’il était en colère ; vieil idiot impotent, qu’ai-je affaire avec la session, avec les oies qui s’y attroupent ou les faucons qui s’apprêtent à tomber dessus ?

— Ma foi, cela est vrai ! » dit mon hôte, qui dans le fait n’avait parlé que d’après un souvenir assez confus de la première éducation de l’étranger, mais qui aurait été fâché qu’on ne le crût pas exactement informé du rang et de la profession de notre voyageur, ou de tout autre qui s’arrêtait quelquefois chez lui. « C’est bien vrai, mais je vous croyais quelque procès à surveiller pour votre compte. J’en