Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/232

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d’un fameux conte ; moi-même, que Dieu me pardonne… Mais tout cela n’empêche pas qu’il n’ait très peu de charité pour les autres, et qu’il ne se montre aussi impitoyable pour leurs faiblesses que si lui-même il n’avait pas les siennes. Il vous écoutera tout une journée si vous voulez lui raconter des histoires sur Wallace, Henri l’aveugle et David Lindsay ; mais il ne faut pas lui parler de fées, de spectres, d’esprits ou d’apparitions semblables… Il a manqué de jeter par la croisée le vieux Caxon, il aurait aussi bien fait d’y jeter ensuite sa plus belle perruque, pour lui avoir dit qu’il avait vu un revenant à Humlock Knowe. Or, s’il le prenait sur ce ton-là, il mortifierait l’orgueil du baronnet, et il s’ensuivrait plus de mal que de bien ; il en est déjà arrivé autant deux ou trois fois au sujet de ces ouvrages dans les mines, et vous auriez dit qu’à proportion que Monkbarns avertissait sir Arthur, celui-ci prenait plaisir à s’enfoncer de plus en plus.

— Que pensez-vous alors, dit Lovel, d’instruire de cette circonstance miss Wardour !

— Oh ! la pauvre enfant ! comment pourrait-elle empêcher son père de faire sa volonté ? Et d’ailleurs à quoi cela servirait-il ? Il y a un arrêt rendu dans le pays pour ces six cents livres sterling, et un procureur d’Édimbourg poursuit sir Arthur avec toutes les rigueurs de la loi, et lui met l’épée dans les reins pour le faire payer, de telle sorte que, s’il ne le peut pas, il faudra qu’il aille en prison ou qu’il fuie du pays. C’est un homme au désespoir et qui s’accroche à la dernière chance qu’il croit avoir d’échapper à une ruine totale. Ainsi, à quoi bon tourmenter la pauvre enfant d’un malheur qui est sans remède ? et d’ailleurs, pour vous dire la vérité, je ne me soucie pas de découvrir le secret de cet endroit. C’est une cachette assez commode, vous le voyez vous-même, et quoique je ne sois plus dans le cas d’en avoir besoin maintenant, et que j’espère, par la puissance de la grâce, ne jamais rien faire qui puisse me la rendre nécessaire, cependant on ne sait pas à quelle tentation on peut se trouver exposé ; et bref je ne pourrais supporter la pensée que quelque autre que moi connût ce lieu. On dit : Gardez une chose pendant sept ans, et vous trouverez moyen de vous en servir ; et il se pourrait faire que j’eusse besoin de la caverne, si ce n’est pour moi, peut-être pour quelque autre. »

Cet argument auquel le vieil Édie, malgré ses maximes divines et morales, semblait, peut-être par ancienne habitude, personnellement intéressé, ne pouvait être convenablement combattu par