Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/245

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les regardiez autrement que comme un don d’amitié, et encore moins voudrais-je m’en rapporter à l’évaluation de votre ami Pinkerton, qui a attaqué les anciennes et respectables autorités, piliers vénérables sur lesquels repose l’honneur des antiquités écossaises.

— Oui, oui, reprit Oldbuck, vous voulez parler, je présume, de Mair et de Boëce, les apôtres de la fraude et du mensonge. Eh bien ! malgré tout ce que vous m’en avez dit, je regarde votre ami Dousterswivel comme aussi apocryphe qu’aucun d’eux.

— Alors, monsieur Oldbuck, dit sir Arthur, sans réveiller d’anciennes disputes ; je dois supposer que vous jugez que, parce que je crois à l’histoire ancienne de mon pays, je n’ai ni yeux ni oreilles pour m’assurer des événemens dont je suis témoin.

— Pardonnez-moi, sir Arthur, répliqua l’Antiquaire ; mais je regarde l’affectation de terreur que votre collaborateur, ce digne gentilhomme, a voulu feindre, comme faisant partie de la farce et du mystère qu’il jouait alors. Ensuite, quant aux pièces d’or et d’argent, elles sont si mélangées et si différentes de pays et de dates, que je ne puis croire qu’elles aient été réellement amassées et enfouies dans le but ordinaire ; je penserais plutôt que, semblables aux bourses placées sur la table du procureur d’Hudibras,


C’est de l’argent placé là pour la montre,

Comme des nids trompeurs où la poule rencontre

Des œufs qu’on l’invite à couver ;

Client auquel on voudrait enlever

Le prix de vils conseils prodigués pour ou contre[1].


C’est une ruse commune à toutes les professions, mon cher sir Arthur ; mais puis-je vous demander combien cette découverte vous a coûté ?

— Environ dix guinées.

— Pour lesquelles vous avez gagné l’équivalent de vingt guinées peut-être en poids réel, et à peu près le double de cette valeur aux yeux de fous comme nous qui voulons bien payer la rareté. Allons, je dois convenir que pour la première chance il vous a offert un profit assez tentant. Et que propose-t-il de risquer sur la seconde ?

— Cent cinquante livres sterling, dont je lui ai donné le tiers, ayant pensé que vous voudriez bien me fournir le reste.

— Je ne pense pas que ceci soit son dernier coup ; la chose ne me paraît pas d’une assez grande importance. Il est probable qu’il nous laissera encore gagner cette partie : c’est ainsi que les escrocs

  1. Voyez le poème de Butler intitulé Hudibras. a. m.