Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/332

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tendre de l’intérieur : « Qui est là, Maggie ? Pourquoi les renvoyez-vous ? Laissez entrer. Qu’importe à présent qui entre dans la maison, ou qui en sorte ! je ne m’en soucie pas plus que du bout d’une vieille corde. »

La femme se rangea de côté d’après l’ordre de son mari, et laissa entrer lord Glenallan dans la chaumière. L’abattement qu’indiquaient sa taille voûtée et son visage amaigri offrait un frappant contraste avec les effets produits par la douleur sur la figure robuste et hâlée du pêcheur, et les traits masculins de son épouse. Il s’approcha de la vieille femme assise sur son siège ordinaire, et lui demanda aussi haut que la faiblesse de sa voix put le lui permettre : « Êtes-vous Elspeth de Craigburnsfoot de Glenallan ?

— Qui est-ce qui s’informe de la demeure souillée par cette méchante femme ? fut la réponse faite à cette question.

— Le malheureux comte de Glenallan.

— Le comte, le comte de Glenallan !

— Celui qui fut appelé William, comte lord Geraldin, et que la mort de sa mère a fait comte de Glenallan.

— Ouvrez le volet, dit la vieille femme, d’un ton ferme et précipité, à sa belle-fille, ouvrez promptement le volet, que je puisse voir si c’est bien le véritable lord Glenallan, le fils de ma maîtresse, celui que j’ai reçu dans mes bras à l’heure de sa naissance, celui qui a raison de me maudire de ne pas l’avoir étouffé avant que cette heure fût écoulée. »

La fenêtre, qui avait été fermée afin qu’un sombre crépuscule vint ajouter à la solennité de la cérémonie funèbre, fut ouverte par son ordre, et jeta une lumière vive et soudaine sur l’atmosphère vaporeuse et enfumée de la chaumière. Tombant à plomb sur la cheminée, les rayons en éclairaient, à la manière de Rembrandt, les traits du malheureux comte et ceux de la vieille sibylle qui, alors debout sur ses pieds, et lui tenant une main, fixait avec anxiété ses yeux d’un bleu clair sur tous ses traits, tandis que promenant lentement son doigt décharné, levé à peu de distance de la figure du comte, elle semblait en suivre tous les contours, et chercher à réconcilier ce qu’elle voyait avec ses souvenirs. En finissant son examen elle dit avec un profond soupir : « Le changement est terrible… terrible !… et à qui en est la faute ?… Mais cela est écrit dans un livre qui en fera foi ; cela est gravé sur des tablettes d’airain avec cette plume d’acier qui y inscrit tout ce qui appartient à la chair… Et que veut lord Geraldin, dit-elle après une pause, à une pauvre