Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/336

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ordinaire, chacune des paroles de lord Glenallan, quoique prononcées avec le ton concentré de l’horreur et du désespoir, parvint aussi distinctement à l’oreille d’Elspeth qu’elle aurait pu faire à toute autre époque de sa vie. Elle-même parla clairement et avec lenteur, comme si elle eût désiré que son récit fût parfaitement compris. Elle y mit en même temps de la concision et aucun terme de ce verbiage et de ces circonlocutions naturelles aux femmes de son état, bref, son langage annonçait une éducation plus élevée, ainsi qu’un esprit d’une fermeté et d’une énergie peu communes, et un de ces caractères dont on doit naturellement attendre de grandes vertus ou de grands crimes. Nous verrons dans le chapitre suivant quelle fut la nature de ces communications.


CHAPITRE XXXIII.

LA RÉVÉLATION.


Le remords ne nous quitte jamais. Semblable au limier altéré de sang, il poursuit nos pas rapides à travers le dédale effrayant où nous égarent les passions de la jeunesse, sans se faire entendre, peut-être, jusqu’à ce que la vieillesse les ait vaincues. Alors, quand le temps a glacé nos membres et nous a ravi tout espoir de le combattre ou de le fuir, nous entendons sa voix menaçante nous annoncer la vengeance, le désespoir et le châtiment qui nous attendent.
Vieille comédie.


« Je n’ai pas besoin de vous dire, commença la vieille femme en s’adressant au comte de Glenallan, que j’étais la favorite et la confidente de Joscelinde, comtesse de Glenallan (que Dieu veuille absoudre !), » ici elle fit un signe de croix, « et vous ne pouvez pas avoir oublié non plus que pendant bien des années j’eus part à son estime ; je la payais par l’attachement le plus sincère, mais je tombai en disgrâce par un léger acte de désobéissance qui fut rapporté à votre mère par une personne qui me regardait, et ce n’était pas à tort, comme un espion de ses actions et des vôtres.

— Femme, dit le comte d’une voix tremblante d’émotion, je te commande de ne pas la nommer en ma présence.

— Il le faut, reprit la pénitente d’une voix calme et ferme, autrement, comment pourrais-je me faire comprendre ? »