Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/349

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— Lui-même, quoique bien changé depuis le temps où il a connu monsieur Oldbuck.

— Mon intention, dit l’Antiquaire, n’est pas de déranger Votre Seigneurie ; je venais voir seulement cette malheureuse famille.

— Et vous avez rencontré quelqu’un, monsieur, qui a plus de droits encore à votre compassion.

— Ma compassion ? lord Glenallan ne peut avoir besoin de ma compassion ; et si la chose était possible, je ne pense pas même qu’il la demandât.

— Nos relations précédentes,… dit le comte.

— Sont d’une date si ancienne, milord, eurent une si courte durée, et furent accompagnées de circonstances d’une nature si pénible, que nous pouvons, je crois, nous dispenser de les renouveler. »

En parlant ainsi, l’Antiquaire lui tourna le dos et sortit de la cabane, mais lord Glenallan le suivit ; et sans se laisser rebuter par un bonjour très bref, il lui demanda de lui accorder quelques momens de conversation et le secours de ses conseils sur une affaire très importante.

« Votre Seigneurie trouvera des gens plus capables que moi de vous conseiller, milord, et qui regarderont comme un honneur que vous les consultiez. Quant à moi, je suis un homme retiré des affaires et du monde, et je ne me soucie guère de ce qui peut retracer à ma mémoire les événemens passés de mon inutile vie. Et pardonnez-moi d’ajouter que c’est avec un sentiment de peine particulier que je reviens sur cette époque où j’agis comme un insensé, et Votre Seigneurie comme…. » Il s’arrêta tout court.

« Comme un scélérat, voudriez-vous dire ? car tel j’ai dû vous paraître.

— Milord, milord, je n’ai nul désir d’entendre votre confession, dit l’Antiquaire.

— Mais, monsieur, si je puis vous prouver que je suis plus victime que coupable, que j’ai été plus malheureux qu’aucun terme ne peut jamais l’exprimer, et qu’à ce moment encore un tombeau est le seul lieu de repos que je puisse envisager, vous ne refuserez plus la confidence que, regardant votre présence dans ce moment critique comme un avis du ciel, je persiste à vous supplier de recevoir.

— Assurément, milord ; d’après ces paroles je ne me refuserai plus à prolonger cette entrevue extraordinaire.

— Je dois donc vous retracer les circonstances dans lesquelles nous nous rencontrâmes, il y a plus de vingt ans, au château de