Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/373

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Macpherson même ne nous a jamais représenté ses ancêtres à cheval, quoiqu’il ait l’impudence de dire qu’ils sont nés pour le char. Et voilà plutôt, milord, ce qui tourne la tête à Hector, c’est plutôt l’exercice de la voiture que celui du cheval qu’il envierait.

« Sunt quos curriculo pulverem olympicum
Collegisse juvat[1]. »

Sa fantaisie serait d’avoir un curriculum, mais il n’a pas plus d’argent pour l’acheter qu’il n’aurait, je crois, d’habileté pour le conduire ; et j’ose assurer à Votre Seigneurie que la possession de deux semblables quadrupèdes lui serait plus dangereuse qu’aucun de ses duels, sans en excepter même celui de mon ami le phoque.

— Vous avez en ce moment le droit de tout exiger de moi, dit le comte avec politesse, mais j’ose me flatter que vous ne voudrez pas me priver plus tard d’offrir à mon jeune ami quelque chose qui puisse lui être agréable.

— Quelque chose d’utile, milord, mais pas de curriculum. Il serait tout aussi raisonnable à lui d’entretenir tout d’un coup un quadriga. Mais à propos, que vient faire ici cette vieille chaise de poste de Fairport ? je ne l’ai pas demandée !

— C’est pour moi, monsieur, » dit un peu sèchement Hector qui était fort peu satisfait de l’opposition que son oncle avait mise au présent que lui destinait le comte, et qui ne lui était pas non plus fort obligé de la manière dont il avait rabaissé son adresse à manier les chevaux, non plus que des allusions qu’il avait faites au mauvais succès de son aventure avec le veau marin.

« Pour vous, monsieur ? répondit l’Antiquaire à cette réplique laconique ; et quel besoin, je vous prie, avez-vous d’une chaise de poste ? Ce brillant équipage, que je pourrais appeler biga, doit-il servir d’introduction au quadriga ou au curriculum ?

— En vérité, monsieur, reprit le jeune militaire, puisqu’il vous faut une explication précise, c’est que je vais à Fairport pour une petite affaire.

— Me sera-t-il permis de demander de quelle nature est cette affaire, Hector ? » répondit son oncle qui aimait à exercer en passant une autorité dont il ne jouissait pas souvent sur son neveu. « Il me semble que toutes les affaires relatives au régiment peuvent être confiées à votre digne député le sergent, un honnête homme qui a la bonté de regarder Monkbarns comme sa maison depuis son arri-

  1. Première ode d’Horace, 1re strophe. a. m.