Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/381

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une petite visite de notre ancienne connaissance podagra ; cependant je commence à me tenir sur mes jambes, pendant que notre sergent me fait répéter la manœuvre. Je serais bien aise de savoir, capitaine Mac Intyre, s’il se conforme exactement aux règles. Il me semble qu’il nous fait tenir assez gauchement le fusil, et qu’il ne nous avance guère. » En parlant ainsi, il s’avança en boitant vers son arme, comme pour démontrer par des exemples ce qu’il avait appris, ainsi que ses doutes sur l’habileté du sergent.

« Je me réjouis de voir que nous ayons d’aussi zélés défenseurs, et je suis sûr d’avance qu’Hector vous fera des complimens sur vos progrès dans votre nouvelle profession. Comment donc, mon cher monsieur, vous rivalisez avec la triple Hécate des anciens : marchand à la foire, magistrat à la maison de ville, et soldat sous les armes ; quid non pro patria[1] ? Mais aujourd’hui, c’est à la justice que j’ai affaire, ainsi laissons de côté le commerce et la guerre.

— Eh bien, mon cher monsieur, que désirez-vous de moi ?

— Vous avez là une de mes vieilles connaissances que quelques uns de vos mirmidons ont enfermée en prison en conséquence d’un prétendu assassinat commis sur la personne d’un certain Dousterswivel, de l’accusation duquel je ne crois pas un mot. »

Le magistrat prit une figure très grave. « Vous auriez dû être informé qu’il est accusé de vol aussi bien que d’assassinat. C’est un cas vraiment très sérieux ; ce n’est pas souvent que j’ai à prendre connaissance d’affaires aussi criminelles.

— Et c’est pour cela que, quand l’occasion se présente, vous tenez à ne pas la laisser échapper. Mais se peut-il que ce pauvre homme se trouve dans un cas aussi grave ?

— Quoique ce soit contre les règles, dit le bailli, comme vous êtes de la commission, Monkbarns, je n’hésiterai pas à vous montrer la déclaration de Dousterswivel et le reste des dépositions. »

Il mit en effet ses papiers dans les mains de l’Antiquaire, qui prit ses lunettes, et s’assit dans un coin pour les examiner.

Les officiers eurent ordre alors de transporter leur prisonnier dans un autre appartement ; mais avant que ceci fût fait, le capitaine Mac Intyre trouva le moyen de dire quelques mots d’encouragement au vieil Édie et de lui glisser une guinée dans la main.

« Que Dieu bénisse Votre Honneur ! dit le vieillard ; c’est le don d’un jeune militaire, et il doit porter bonheur au vieux soldat : je ne le refuserai pas, quoique ce soit une exception à la règle que je

  1. Que ne ferait-on pas pour la patrie ! a. m.