Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/402

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« Je ne me rappelle pas bien le verset qui suit : la mémoire me manque, et mon esprit est troublé par d’étranges pensées. Que Dieu nous préserve de la tentation ! »

Ici sa voix s’éteignit, et on n’entendit plus qu’un murmure confus.

« C’est une ballade historique, dit Oldbuck avec vivacité ; sans doute, un fragment intact et véritable des anciens ménestrels… Percy en admirerait la simplicité… Ritson ne pourrait en attaquer l’authenticité…

— Oui, mais c’est une triste chose, dit Ochiltree, de voir la nature humaine réduite à ce degré d’affaiblissement, qui lui fait chanter de vieilles chansons semblables, après une perte comme la sienne.

— Chut, chut ! dit l’Antiquaire, elle a retrouvé le fil de son histoire ; » et pendant qu’il parlait, la vieille recommença à chanter :


« Ils sellèrent cent coursiers blancs,
À cent noirs ils mirent la bride,
Et des chaperons différens
Du cheval aux bonds étonnans
Paraient la tête, quand son guide,
Entre ses pompeux ornemens,
Avait un beau chafron livide. »


« Chafron ! dit l’Antiquaire, le mot est peut-être chevron ; il vaut seul un dollar, » et il continua d’écrire sur son livre rouge.


« Ils galopent un mille ou deux ;
Puis Donald vient fondre sur eux,
Escorté de vingt mille braves.
Libres et non de vils esclaves ;
Leurs écharpes flottaient au vent ;
Aux rayons du soleil levant
Brillait le glaive étincelant,
Tandis que l’aigre cornemuse
Faisait ouïr de rang en rang
Son harmonie âpre et confuse.
Le comte sur ses étriers
Se dressa pour voir ses guerriers
Arrivés du haut des montagnes.
« Ah ! dit-il, pour nos cavaliers
Je crains un peu dans ces campagnes.
Noble écuyer, que ferais-tu
Près du palefroi de ton maître,
Si pour lui tu pouvais paraître :