Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/417

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En parlant ainsi, il rit de ce rire amer qui est peut-être l’expression la plus redoutable des tourmens auxquels l’esprit est en proie. Craignant également de poursuivre ou de lui désobéir, miss Wardour continua de lire : « Je suis, pour mon compte personnel, et en qualité d’associé, très fâché que nous ne puissions vous être utiles en vous procurant les sommes dont vous parlez, ou en obtenant un sursis dans l’affaire de la créance Goldiebird, ce qui est incompatible avec nos devoirs, étant chargés d’agir comme procureurs fondés et hommes d’affaires dudit Goldiebird, en vertu duquel titre nous avons formé des poursuites contre vous, comme vous devez en être averti par l’assignation que vous aurez reçue, pour la somme de 4750 livres 5 schellings 6 pences 4 deniers sterling, qui, avec les intérêts et frais, seront payés, comme nous le présumons, dans le délai fixé, pour prévenir des inconvéniens plus graves. Je suis en même temps dans la nécessité de vous prévenir que nous serions bien aises de recevoir le paiement de notre compte personnel, montant à 769 livres 10 schellings 6 pences sterling ; mais comme nous tenons entre les mains tous vos papiers, titres et documens en hypothèque, nous ne ferons pas de difficulté de vous accorder un délai raisonnable jusqu’au terme prochain. Je suis pour mon compte, et comme associé, très fâché d’ajouter que les instructions de M. Goldiebird sont de procéder peremptorie et sine mora[1] ; ce dont j’ai le plaisir de vous avertir pour prévenir toute erreur à ce sujet, nous réservant autrement d’agir de concert. Je suis pour mon compte et comme associé, mon cher monsieur, votre humble et obligé serviteur, Gabriel Grinderson, pour Greenhorn et Grinderson. »

« Misérable ingrat ! dit miss Wardour.

— Pas du tout, c’est la règle ordinaire, je suppose ; il aurait manqué quelque chose à ce coup, s’il eût été porté par toute autre main. Les choses ne sont que ce qu’elles doivent être. » Le calme qu’affectait le pauvre baronnet en parlant ainsi était étrangement démenti par le tremblement de ses lèvres et l’égarement de ses yeux. « Mais il y a un post scriptum que je n’avais pas aperçu, voyons donc la fin de cette épître. »

« Il me reste à ajouter, non pour mon compte, mais pour celui de mon associé M. Greenhorn, qu’il pourra s’arranger de votre service d’argenterie, et de vos chevaux bais s’ils sont en bon état,

  1. Péremptoirement et sans retard. a. m.