Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/419

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d’adoucir et de calmer l’esprit de son père. Elle lui rappela qu’il avait beaucoup d’amis.

« Il fut un temps où j’en avais beaucoup, dit sir Arthur ; mais il y en a dont mes projets extravagans ont lassé l’obligeance. Quelques uns sont hors d’état de me secourir ; les autres n’en ont pas la volonté… Tout est perdu pour moi… Puisse mon imprudence servir de leçon à Reginald !

— Si j’envoyais à Monkbarns, monsieur ? dit sa fille.

— À quoi bon ? Oldbuck ne peut me prêter une telle somme ; et quand il le pourrait il ne le voudrait pas, car il sait que je suis, outre cela, noyé de dettes ; et il ne ferait que m’accabler de ses maximes misanthropiques et de ses citations latines.

— Mais M. Oldbuck a du bon sens et de la pénétration ; d’ailleurs il a été élevé dans les affaires, et je suis sûre qu’il a toujours aimé notre famille.

— Oui, je le crois… À quelle passe nous en sommes réduits, pour qu’un Wardour se trouve avoir besoin de l’amitié d’un Oldbuck ! Mais puisque les choses en sont venues aux extrémités dont nous sommes en ce moment menacés, vous pouvez, si vous voulez, l’envoyer chercher. Et vous maintenant, mon enfant, allez faire votre promenade habituelle… J’ai l’esprit plus tranquille qu’avant de vous avoir fait cette douloureuse communication. Vous connaissez le pis, et vous savez à quoi nous devons à toute heure et à tout moment nous attendre… Mais allez, je vous prie, vous promener… Je serais bien aise, d’ailleurs, d’être seul quelques instans. »

En quittant l’appartement, le premier soin de miss Wardour fut de profiter de l’espèce de permission qu’elle avait arrachée à son père, en envoyant à Monkbarns le messager qui avait, comme nous l’avons rapporté, rencontré l’Antiquaire et son neveu le long des sables.

Indifférente à la route qu’elle prenait, et la remarquant à peine, elle dirigea ses pas vers la promenade solitaire qu’on appelait la Montagne des ronces. Un ruisseau, qui avait autrefois fourni de l’eau aux fossés du château, descendait le long d’une étroite vallée, dans laquelle le goût de miss Wardour avait fait arranger un sentier déjà indiqué par la nature, et dont la pente douce et facile ne se ressentait en rien de la triste régularité de l’art. Il était en harmonie avec le caractère de ce petit vallon, entouré de bois taillis principalement composés de larix et de coudriers, et entremêlés de