Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/426

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

votre politesse, je vais vous procurer une petite affaire de votre compétence et d’un meilleur genre. Il est ici question de politique ; c’est un délit punissable par legem Julia[1]. Monsieur Sweepclean, écoutez-moi un moment. »

Après lui avoir parlé bas pendant cinq minutes, il lui donna un morceau de papier, à la réception duquel l’huissier remonta à cheval, et, suivi d’un de ses assistans, partit d’un assez bon train ; L’homme qui resta sembla à dessein prolonger ses opérations, et continua sa besogne lentement et avec la précision et le soin de quelqu’un qui se sent surveillé par un inspecteur instruit et sévère. Pendant ce temps, Oldbuck avait pris son neveu par le bras et l’avait fait entrer dans la maison. Ils furent conduits près de sir Arthur, qui, en proie aux angoisses de l’orgueil blessé, aux craintes les plus déchirantes sur l’avenir, et aux vains efforts qu’il faisait pour les cacher sous un air d’indifférence, offrait un spectacle digne de pitié.

« Je suis charmé de vous voir, monsieur Oldbuck, toujours charmé de voir mes amis par le mauvais comme par le beau temps, » dit le pauvre baronnet affectant de montrer non du calme, mais une gaîté que démentaient évidemment le serrement de main convulsif et prolongé dont il accompagna ces paroles, et toute l’agitation remarquable dans sa personne. « Je suis enchanté de vous voir ; vous êtes venu à cheval, à ce que je vois ; j’espère que dans tout ce désordre on aura soin de vos chevaux ; j’ai toujours aimé qu’on soignât les chevaux de mes amis comme les miens. Parbleu, maintenant ils auront seuls tous mes soins, car vous voyez que probablement on ne m’en laissera pas un. Ha ! ha ! ha ! monsieur Oldbuck. »

Cet effort pour plaisanter fut accompagné d’un rire convulsif, auquel le pauvre sir Arthur voulait donner l’air de l’insouciance.

« Vous savez que je ne monte jamais à cheval, sir Arthur, dit l’Antiquaire.

— Je vous demande pardon, mais je suis sûr d’avoir vu arriver votre neveu à cheval, il y a un moment. Il faut que le cheval d’un officier soit bien soigné ; le sien était le plus beau cheval gris qu’on pût voir. »

Sir Arthur se préparait à sonner, lorsque M. Oldbuck lui dit : « Mon neveu est venu sur votre cheval gris, sir Arthur.

— Le mien ? dit le pauvre baronnet, le mien, dites-vous ? Il faut

  1. Par la loi Julia. a. m.