Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/445

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— Oh ! dit Édie plaisamment, j’avais une certaine histoire sur Misticot qui l’aurait amené ainsi que vous, Monkbarns, de plus de quarante milles. D’ailleurs nous devions supposer qu’il serait attiré de nouveau au lieu où il avait trouvé le premier argent, puisqu’il ne savait pas le mot de l’énigme. Bref, l’argent ayant cette forme, sir Arthur se trouvant dans le plus pressant besoin, et Lovel étant résolu de ne jamais lui laisser soupçonner la main qui venait à son secours (car c’était la chose sur laquelle il insistait le plus), nous ne trouvâmes pas de meilleur expédient que celui-là, après nous être pourtant creusé long-temps la cervelle à ce sujet. Et si, par quelque étrange hasard, Dousterswivel avait mis ses griffes dessus, j’aurais été immédiatement chez vous ou chez le shérif, pour tout découvrir.

— Eh bien, malgré toutes vos sages précautions, je pense que votre expédient a mieux réussi qu’on ne devait s’y attendre. Mais comment diable Lovel possédait-il une telle masse de lingots d’argent ?

— C’est là ce que je ne puis vous dire ; mais cela avait été mis à bord avec les autres effets qu’il avait à Fairport, sans doute. Quoi qu’il en soit, nous les mîmes dans une des boîtes de munitions du brick, pour leur sûreté et la commodité du transport.

— Grand Dieu ! dit Oldbuck, dont la mémoire se reportait au commencement de sa connaissance avec Lovel, ce jeune homme auquel j’ai payé à dîner à Queens-Ferry, pour lequel je voulais faire faire une souscription à Fairport, risque tant d’argent sur un hasard de cette nature ! Allons, je ne paierai plus à dîner à personne, cela est certain. Et vous avez donc toujours entretenu une correspondance avec Lovel ?

— J’en ai reçu un petit bout de billet pour me dire qu’il y aurait hier un paquet à Tannonburgh, avec des lettres très importantes pour la famille de Knockwinnock, car il soupçonnait que l’on ouvrait les lettres au bureau de Fairport. Et il faut que cela soit vrai, car j’ai entendu dire que M. Mailsetter allait perdre sa place, pour s’être trop occupé des affaires des autres et pas assez des siennes.

— Et quelle récompense espérez-vous, Édie, pour avoir été le conseiller, le messager, le gardien, le confident de toutes ces affaires-là ?

— Que diable voulez-vous que j’espère, excepté que quelques uns des gentilshommes du pays viendront au convoi du vieux pauvre, et que vous porterez peut-être la tête vous-même, comme