Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/71

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— Ou plutôt les Pictes, reprit le baronnet.

— Je dis les Piks, Pikars, Pihar, Piochtar, Piagther, ou Peughtar, s’écria Oldbuck ; ils parlaient le dialecte gothique.

— Le vrai celtique, reprit de nouveau le baronnet.

— Le gothique ; je veux mourir si ce n’était pas le gothique, rétorqua l’écuyer.

— Mais il me semble, messieurs, dit Lovel, que c’est un point qui peut être aisément éclairci par les philologues, s’il y a quelques restes de ces langues.

— Il n’y a qu’un seul mot, dit le baronnet ; mais, malgré toute la persistance de M. Oldbuck, il décide la question.

— Oui, en ma faveur, ajouta Oldbuck ; M. Lovel en jugera. Ici j’ai le savant Pinkerton de mon côté.

— Et moi, du mien, l’érudit et infatigable Chalmers.

— Gordon tient pour mon opinion.

— Sir Robert Sibbald est pour la mienne.

— Innes le croit avec moi, vociféra Oldbuck.

— Ritson n’en fait aucun doute, s’écria le baronnet,

— Vraiment, messieurs, dit Lovel, avant de rassembler vos forces et de m’accabler de toutes ces autorités, je serais bien aise de connaître le mot qui fait le sujet de la dispute.

Benval, dirent à la fois les deux antagonistes.

— Qui signifie caput valli, ajouta sir Arthur.

— La tête du mur, dit Oldbuck. »

Il y eut un moment de pause. « Voilà une base qui me paraît un peu faible pour y fonder une hypothèse, fit observer leur jeune arbitre.

— Nullement, nullement, dit Oldbuck. Les hommes ne combattent que mieux dans un cercle étroit. La grandeur du terrain ne fait rien à une lutte de ce genre.

— Il est décidément celtique, dit le baronnet ; il n’y a pas une montagne dans les hautes terres qui ne commence par Ben.

— Mais que dites-vous de val, sir Arthur, n’est-ce pas bien clairement le mot saxon wall ?

— C’est le mot romain vallum, dit sir Arthur ; les Pictes ont emprunté cette partie du mot.

— Non pas : s’ils avaient emprunté quelque chose, ce serait votre Ben qu’ils auraient pu prendre à leurs voisins les Bretons de Strath-Cluyd[1].

  1. Ben, mot celtique signifiant haut ; on l’applique en Écosse aux montagnes les plus élevées comme Ben-Nevis, Ben-Lhomond, etc. Strath veut dire vallée et Cluyd est le vieux nom de la rivière de la Clyde. a. m.