Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/13

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ment en faisant observer que, bien que l’on ait vu souvent jouer de semblables tours dans des affaires de cette nature, beaucoup de circonstances ayant rapport à cet événement ne peuvent se concilier avec les tours de gobelets, comme par exemple : 1° ces bruits plus grands que le pouvoir de l’homme ne peut les rendre sans le secours d’instruments, et il n’y en avait aucun ; 2° le déchirement des rideaux et le bouleversement des lits ; 3° l’éparpillement du feu ; 4° le sabot entraînant la chandelle ; 5° la prise de l’épée et le coup que le domestique en reçut avec le pommeau.

Pour montrer à quel point les hommes sont quelquefois trompés, nous pouvons recourir à un écrit intitulé : Histoire secrète de l’honnête démon de Woodstock, dans laquelle nous voyons de la propre main de l’auteur que Joseph Collins, vulgairement appelé Funny Joe, était lui-même ce vrai démon ; que, sous le nom simulé de Giles Sharp, il se loua comme domestique au service des commissaires ; qu’à l’aide de deux amis, d’une trappe ignorée dans le plafond de la chambre à coucher, et d’une livre de poudre ordinaire, il joua lui-même tous ces tours extraordinaires ; que ses acolytes qu’il avait introduits pour l’assister avaient quitté leurs propres lits, et qu’au moyen d’une traînée de poudre les lumières étaient arrangées de manière à pouvoir être éteintes à volonté.

Le chien qui commença la farce n’était pas du tout un gros chien, mais véritablement une chienne qui, comme le jura Funny Joe, avait depuis peu mis bas dans cet appartement où elle faisait tout ce tapage pour chercher ses petits ; et comme elle avait servi les projets de Joe, il l’avait laissée sortir pour l’employer ensuite. L’histoire du sabot et de l’épée, pour lesquels il rendit témoignage de manière à ce qu’on ne pût pas douter de la vérité, n’était qu’une pure fiction. Par le moyen de la trappe, ses amis lâchaient les pierres, les fagots, le verre, l’eau, etc., que l’on y laissait pour être hissés de nouveau, afin de servir à ses desseins ultérieurs. De cette manière ses amis pouvaient aller et venir sans ouvrir les portes ou sans passer par le trou des serrures ; et tout le bruit dont il a été parlé, Joe déclare qu’il le produisit en plaçant une certaine quantité de poudre à canon sur des charbons ardents, ou sur des plats d’étain, qui en se fondant éclataient avec un bruit violent.

Je suis heureux d’avoir une occasion d’établir ici la véritable histoire de ces événements remarquables, et, d’après le récit de mon propre auteur, le lecteur ne les aurait pas contestés, soit en nommant une poudre blanche qui éclatait à la fusion, soit en faisant à