Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

hommes de Ciar-Mohr, ne furent pas en cette occasion commandés par Rob-Roy, mais par son neveu, déjà mentionné dans cette introduction, Mac-Gregor, autrement nommé James Grahame de Glengyle, et encore mieux connu par l’épithète gallique de Ghlune Dhu, c’est-à-dire genou noir à cause d’une tache noire qu’il avait au genou et que son costume d’Highlandais permettait d’apercevoir. On ne peut cependant douter que Glengyle, étant fort jeune alors, n’agît presque toujours d’après les avis et la direction d’un chef aussi expérimenté que son oncle.

Les Mac-Gregor, assemblés en grand nombre, commencèrent à menacer les Lowlanders vers l’extrémité inférieure du Loch-Lomond. Ils s’emparèrent tout à coup des barques qui étaient sur le lac, et, probablement pour s’en servir dans une entreprise par eux conçue, les traînèrent à travers champs jusqu’à Inversnaid, afin d’intercepter le passage à un corps nombreux de royalistes de l’ouest qui, armés pour le gouvernement, s’avançaient dans cette direction.

Les royalistes firent une excursion pour reprendre leurs bateaux. C’étaient des volontaires de Paisley, de Kilpatrick et d’autres comtés qui, avec le secours d’une troupe de marins, remontèrent la rivière Leven dans des chaloupes appartenant à des vaisseaux de guerre qui étaient à l’ancre dans la Clyde. À Luss, ils furent rejoints par sir Humphrey Colquhoun et James Grant, son gendre, accompagnés de leurs vassaux portant tous le costume de l’époque, qui a été décrit d’une manière pittoresque[1].

Les deux partis se rencontrèrent à Craig-Royston, mais les Mac-Gregor refusèrent le combat. S’il faut en croire le récit de l’expédition donné par l’histoirien Rae, les royalistes débarquèrent sur la côte de Craig-Royston avec la plus grande intrépidité ; l’ennemi ne se présenta pas pour les repousser ; et par le bruit de leurs tambours qui battaient sans discontinuer, par la décharge de leur artillerie et de leurs armes à feu, ils épouvantèrent telle-

  1. « Ils arrivèrent de nuit à Luss, où ils furent joints par sir Humphrey Colquhoun de Huss et James Grant de Plascander, son gendre, suivis de quarante à cinquante vigoureux gaillards en culotte courte, avec leurs plaids attachés autour de la ceinture. Chacun d’eux était armé d’un fusil qu’il portait sur l’épaule, et avait au bras gauche une belle et solide large au milieu de laquelle était vissée une pointe en acier d’un pied et demi de long ; une excellente claymore au côté, avec un ou deux pistolets, un poignard et un couteau à la ceinture. » Histoire de l’insurrection, par Rae, page 287.